Les dirigeants européens luttent pour protéger leur union contre les efforts américains à les diviser
L’Europe a été, pendant des siècles, le théâtre de combats sanglants qui ont atteint des niveaux de destruction sans précédent au cours des deux guerres mondiales du siècle dernier. La création de l’Union européenne et de la monnaie unique européenne a rendu ses 28 pays membres économiquement forts et les a éloignés de la peur des guerres internes, alors que les États-Unis les ont protégés de la Russie. Cependant, l’administration du président américain Donald Trump, aux allures agressives, fait craindre à l’Europe son avenir.
Le 10 février, la ministre des Affaires étrangères de l’UE, Federica Mogherni, a commencé à rencontrer Trump et ses conseillers et a demandé aux Etats-Unis de ne pas «s’interférer avec la politique européenne». Elle s’est plainte que les États-Unis « disent que l’Union européenne n’est pas nécessairement une bonne idée. Invitant à démanteler ce que nous avons réussi à construire et ce qui nous a apporté non seulement la paix, mais aussi la force économique ». Mogherni a souligné que les Etats-Unis devraient respecter l’UE et a décrit les relations européennes avec les Etats-Unis d’une nouvelle manière: « Nous pensons que nous entrons probablement dans une période de relations plus pragmatiques et transactionnelles avec les États-Unis: Ce n’est plus le langage des amis et des alliés qui ont des valeurs et des intérêts communs, mais seulement des partenaires commerciaux ou des concurrents ».
Le président du conseil Européen, Donald Tusk, est allé encore plus loin dans une lettre adressée aux 27 chefs d’État de l’UE avant le sommet de Malte, où il a cité les États-Unis aux côtés de la Russie et la Chine comme une menace pour l’Europe: « Une Chine de plus en plus assertive, La politique agressive de la Russie envers l’Ukraine et ses voisins, les guerres, la terreur et l’anarchie au Moyen-Orient et en Afrique, avec l’islam radical jouant un rôle majeur, ainsi que les déclarations inquiétantes de la nouvelle administration américaine rendent notre avenir très imprévisible. Pour la première fois de notre histoire, dans un monde externe de plus en plus multipolaire, tant de gens deviennent ouvertement anti-européens ou eurosceptiques au mieux. En particulier, le changement à Washington met l’Union européenne dans une situation difficile; Avec la nouvelle administration semblant mettre en question les 70 dernières années de la politique étrangère américaine. »
Les États-Unis ont jeté toute prétention d’amitié envers l’Union européenne. Il y a des indications que les Etats-Unis envisagent de désigner Ted Malloch comme leur ambassadeur à l’UE. Malloch a dit précédemment que « le président Trump croit que traiter bilatéralement avec différents pays européens est dans les intérêts américains, que nous pourrions avoir des rapports plus forts avec les pays individuellement. » Quand la BBC a demandé pourquoi il voulait être l’ambassadeur, il a répondu: « J’ai eu dans une carrière antérieure un poste diplomatique où j’ai contribué à faire tomber l’Union soviétique. Peut-être y a-t-il une autre Union qui a besoin d’un peu d’apprivoisement ».
Deux membres du Parlement européen, Manfred Weber et Guy Verhofstadt, ont répondu par une lettre de colère: «Malloch, le désigné probable du président américain Trump pour devenir le nouvel ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, a fait une série de déclarations publiques dénigrant l’UE. Dans ces déclarations, le futur candidat a exprimé son ambition «d’apprivoiser le bloc comme il a fait tomber l’Union soviétique», il a appuyé avec éloquence la dissolution de l’Union européenne et a explicitement parié sur la disparition de la monnaie commune en quelques mois. Ces déclarations révèlent une malveillance scandaleuse vis-à-vis des valeurs qui définissent cette Union européenne et … ont le potentiel de saper sérieusement la relation transatlantique qui, depuis 70 ans, a essentiellement contribué à la paix, à la stabilité et à la prospérité sur notre continent.»
La Grande-Bretagne quittant l’Union européenne, l’Allemagne et la France s’efforcent de maintenir l’Union européenne face aux tentatives des Etats-Unis de les diviser, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré: « Nous, Européens, avons notre destin en main ».
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, a averti que « M. Trump et M. Poutine sont susceptibles d’essayer de tracer la carte de l’Europe à leur conception » et « la difficulté avec M. Trump est qu’il est totalement imprévisible, nous allons voir ce qu’il va faire … Les États-Unis veulent faire des accords bilatéraux avec ses amis. Nous n’acceptons pas cette approche, nous sommes unis dans l’Union européenne et nous devons rester ensemble ». Le président français François Hollande a également mis en garde: « Nous devons avoir une conception européenne de notre avenir. Sinon, il n’y aura pas, à mon avis, d’Europe et pas forcément un moyen pour chacun des pays de pouvoir exercer une influence dans le monde ».
Traduction d’un article écrit par Dr. Abdullah Robin pour Ar-Rayah Newspaper – Issue 118