L’Afrique du Nord: le conflit entre l’Europe et les Etats-Unis

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L’Afrique du Nord a longuement fait l’objet de tensions et conflits entre la vieille Europe (principalement incarnée par la France et la Grande Bretagne) et les Etats-Unis d’Amérique. Néanmoins, il semble que de nombreux musulmans ne disposent pas de tous les éléments qu’ils leur permettraient de poser un regard clair sur les intrigues qui se jouent dans la région Nord Africaine. L’objet de cette note et de celles qui vont suivre consistera à décrire la situation internationale de la région afin de permettre à chacun d’entre nous de porter une compréhension clairvoyante des manigances qui sont faites par les principaux acteurs de l’Occident.

C’est ainsi que le 7 septembre 2015, le Sénat espagnol donna finalement le feu vert de manière officielle à l’établissement d’une base militaire américaine dans le sud du pays (AFRICOM) que les Etats-Unis tentèrent d’installer précédemment, et ce depuis un long moment sans parvenir  à une réelle entente avec les autorités locales. Ce fut désormais chose faite. Il fut annoncé que la tâche principale de cette nouvelle force conformément à la nouvelle révision du Sénat serait de permettre une «Intervention militaire par voie maritime, terrestre et aérienne dans les différentes crises qui touchent le continent africain», et ce dans la volonté de lutter contre la sphère d’influence de l’Europe, et plus particulièrement de la Grande-Bretagne et de la France qui ont les racines coloniales les plus profondes en Afrique du Nord.

Il est utile de rappeler que l’Amérique s’est intéressée à l’Afrique du Nord depuis les années cinquante et non depuis peu. C’est en novembre 1950 que ses ambassadeurs se sont réunis à Istanbul, et ont convoqué leur première conférence sous la présidence de George McGhee, secrétaire d’État adjoint aux affaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Depuis cette date, l’Amérique lutte avec l’Europe pour l’éliminer et prendre sa place dans ses colonies. Cette lutte s’intensifie et s’atténue en fonction des circonstances internationales et régionales. La conférence (mentionnée ci-avant) a duré cinq jours, et les principales tendances politiques, stratégiques et économiques de cette région y ont été présentées, et qui donnèrent par le même biais le coup d’envoie d’une nouvelle ère de colonisation, qui était cette fois-ci américaine. L’Amérique a réussi à exercer son influence dans de nombreuses régions du Moyen-Orient et de la région du bassin du Nil au détriment des intérêts européens (britanniques et français). Toutefois, l’influence américaine en Afrique du Nord ne s’est pas stabilisée, car la priorité de l’Amérique était la région du Moyen-Orient et celle du bassin du Nil…

L’Amérique se rend compte que l’influence politique en Afrique du Nord appartient à l’Europe. C’est  pour cette raison qu’elle utilisa d’autres moyens que les actions politiques conventionnelles entreprises dans le milieu politique. Les plus importants de ces moyens sont les deux suivants:

– Le premier est l’exploitation du thème du «terrorisme» en l’utilisant pour établir des accords militaires, et ainsi pénétrer le pays à travers l’armée, en y prônant l’entraînement et l’aide militaire qui sont les éléments lui permettant l’instauration de bases militaires.

– Le second moyen passe par l’aide économique et les institutions internationales subordonnées.

L’Amérique a continuellement mobilisé ces deux moyens. Parmi les tentatives pour établir des bases, il y a eu la décision de George Bush Junior d’établir une direction militaire américaine en Afrique (AFRICOM): «Le 6 février 2007, le président Bush et le secrétaire à la Défense Robert Gates ont annoncé la création d’un leadership américain pour l’Afrique ‘comme mentionné sur la page Facebook d’AFRICOM, et ce alors que ce leadership a été fabriqué à l’origine pour prendre le contrôle de l’Afrique, piller ses ressources et coloniser son peuple. Cependant, les États-Unis, conformément à la coutume des colonialistes, ont tenté de présenter cela comme une forme de protection pour l’Afrique. Pour cette raison, il a invité plusieurs chefs d’État africains à assister à la célébration de cette direction (base)! AFRICOM a officiellement débuté ses activités le 1er octobre 2008 par le biais de la célébration organisée au ministère de la Défense en considérant que le leadership américain en Afrique (AFRICOM des États-Unis) est une unité composée de forces combattantes sous le ministère de la défense américaine.  Des représentants d’États africains ont participé à la célébration à Washington DC.

L’Amérique a tenté d’exercer des efforts pour établir cette base dans le nord de l’Afrique afin de prendre le contrôle de la région et pour que son influence puisse remplacer celle de l’Europe mais elle n’a pas été en mesure de le faire parce que les agents européens y ont été prudemment attentifs par leur sincérité à défendre l’influence et les intérêts de l’Europe. Par conséquent, le projet AFRICOM est resté stagnant. Lorsque l’Amérique désespéra quant au déroulement de sa mise en œuvre en Afrique du Nord, elle se résigna à poser son camp en Espagne le 07 septembre 2015: « Le Sénat Espagnol donna le feu vert de manière officielle pour établir une base militaire américaine pour les Marines dans le sud du pays dans le cadre de ce que l’on appelle le leadership d’AFRICOM » (Shorooq Gateway News, 07/09/2015). Cette base n’est pas loin de l’Afrique du Nord et se trouve proche de son environnement; ce qui leur permet d’entreprendre leurs sales projets dans la région. Le projet «AFRICOM» fut commercialisé sous le prétexte de la guerre mondiale contre le «terrorisme», mais ce projet comportait de nombreux objectifs, tous liés à la consolidation de l’hégémonie américaine et à la maîtrise de son influence sur le monde. Ce n’est donc pas dans le but de protéger l’Afrique des dangers du «terrorisme», mais plutôt dans le cadre stratégique américain de contrôler les ressources pétrolières et les autres ressources naturelles ainsi que de surveiller toutes les routes maritimes et tous les passages du monde d’une part. D’autre part, de supprimer l’ancienne influence coloniale pour qu’elle puisse la remplacer par un nouveau colonialisme. Autrement dit,  cela sous-entend que la lutte consiste à piller les ressources de la région.

En dépit de tout cela, le fait que l’Amérique n’ait pas été en mesure de mettre en place une base AFRICOM en Afrique du Nord signifie qu’elle n’a pas de racine solide dans cette région. Elle a tenté de l’établir en Algérie, et y a été fortement bloquée. De même, elle n’a pas pu réaliser cela au Maroc, en Libye et en Tunisie. Elle se concentre actuellement sur la Libye pour profiter de l’instabilité qui y règne et en Tunisie elle prend avantage de la faiblesse de la gouvernance en son sein en raison du retour de l’ancienne classe politique à laquelle le peuple s’était initialement opposé et qui est détestée par le peuple… En tant que tel, il n’est pas facile de déplacer la base AFRICOM en Afrique du Nord. La barrière de la peur est brisée parmi les gens, et il est très peu probable qu’ils resteraient silencieux sur l’établissement de bases militaires meurtrières au sein de leurs terres…

Cela ne signifie pas pour autant que le travail de la base AFRICOM en Espagne est trop éloigné que pour ne pas avoir un effet ou une influence dans la situation politique de l’Afrique du Nord, mais plutôt que son effet sera atténué. L’Amérique va donc répéter ses tentatives, une fois après l’autre, jusqu’à trouver une voie d’entrée en Libye et en Tunisie.

L’intensification des visites de la part de représentants de l’Amérique aux pays dans la région (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye) ne représente qu’une suite des pourtours américains et européens en matière de concurrence sur les ressources de la région et son emplacement stratégique.  En tant que telles, les ambitions et aspirations convoitées de l’Amérique et de l’Europe n’ont pas commencé en Afrique du Nord mais existaient bien avant, et continueront pendant et après AFRICOM…

Dans nos prochaines notes, nous exposerons certaines de ces actions qui furent lancées dans l’arène des terres musulmanes d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye).

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