Détails sur la légitimité des dirigeants (Partie 1)

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Toutes les louanges sont pour Allah (swt) seul. Il n’y a d’obéissance qu’à Ses ordres ; il n’y a d’adhésion qu’à Sa Charia (Loi) ; il n’y a de loyauté qu’à l’égard de Ses plus loyaux et de Ses plus purs. Que la paix et les bénédictions soient sur le premier Waliy ul-Amr (ولي الأمر Chef de l’autorité), celui dont la charia est la plus complète, que la paix et les bénédictions soient sur lui (saw), sur sa famille et sur ses compagnons (ra).

La question de l’obéissance aux Wulaath ul-Amr (ولاة الأمر Chefs d’autorité) est très controversée depuis la chute de l’État islamique. L’Occident est venu régner sur les pays musulmans et a nommé à leur tête des tyrans qui ont rempli la terre d’injustice et d’oppression. Ils ont jeté les bases d’un régime oppressif sur notre Oumma, qui l’a ramenée à la première ère de la Jahiliya.

Ce qui est le plus étrange dans cette situation misérable, c’est que la Oumma et ses porteurs de Da’wa sont confrontés à un groupe de musulmans, qui portent les vêtements des oulémas et assument leurs noms, qui réprimandent la Oumma fouettée et non ceux qui la fouettent. Ils exigent que la Oumma soit patiente, obéissante et accepte l’agression, la domination du Kufr (mécréance) et les coups de fouet dans le dos tant que celui qui donne les coups de fouet est le chef de l’autorité ! C’est comme si la domination oppressive n’était pas complète jusqu’à ce que ce groupe vienne renforcer ses forces et affermir ses racines.

Qu’il s’agisse du Jâmiyisme de Muhammed Amân Al-Jami ou du Madkhalisme de Rabi’ Ibn Hâdi ‘Umayr al-Madkhali ou des Raslanistes de Muḥammad Saʻīd Raslān en Égypte ou d’autres, les noms de ces groupes ne sont pas importants. Ce qui importe plutôt, c’est l’habillage de ces noms dans la Sunna de RasulAllah (saw) !

L’appel de ces groupes et de tous ceux qui s’associent aux Salafs et tentent de se lier à eux se résume comme suit :

  1. Une forte allégeance aux dirigeants, en leur qualité de dirigeants, les défendant, justifiant leurs péchés, interdisant toute dissidence à leur égard ou même toute rivalité avec eux. En outre, ils accusent ceux qui s’opposent à eux d’être des Khawarij, des chiens des gens de l’enfer et de faire couler le sang, même s’ils accusent les plus pieux des oulémas.
  2. Souligner la légitimité de l’existence de ces dirigeants, même s’ils usurpent le pouvoir et privent la Oumma de son autorité.
  3. L’obéissance absolue aux dirigeants, indépendamment de leur transgression, de leur oppression et de leur corruption croissante sur Terre, même s’ils gouvernent par le Kufr et s’allient avec les ennemis d’Allah (swt). Certains d’entre eux ont même ajouté qu’ils devaient être obéis même s’ils étaient des Kafir !

Cependant, les moins extrêmes d’entre eux se sont mis d’accord sur le fait qu’il est permis de quitter l’obéissance du dirigeant si cinq conditions sont remplies :

Ces conditions sont les suivantes :

1. La nécessité de dépendre de l’observation directe de la question qui contredit la Charia, que le dirigeant commet, sans dépendre des paroles de telle ou telle personne. Il y a un hadith Sahih qui indique cela, qui est raconté par Ubada ibn Samit (ra) de Rasul Allah (saw), dans lequel il (saw) a dit :

«إلَّا أن ترَوا كفرًا بَواحًا عندكم من الله فيه برهان»

« sauf si vous voyez un Kufr manifeste dont vous avez une preuve de la part d’Allah ». [Sahih Bukhari]

2. Ce que les musulmans voient chez le dirigeant doit être du Kufr, c’est-à-dire qu’il ne doit pas s’agir seulement d’un péché ou d’une désobéissance, car cela ne fait pas sortir la personne de l’Islam. Par exemple, le fait de voir le dirigeant se prosterner devant des idoles ou d’insulter Allah (swt) et RasulAllah (saw) ou d’autres actes de Kufr.

3. Le Kufr du dirigeant doit être Buwaha (بواح manifeste) selon le noble hadith, et le sens de manifeste, c’est-à-dire Sarih (صريح explicite), est qu’il ne doit pas y avoir de place pour l’interprétation. L’imam Ahmed ibn Hanbal, à son époque, considérait que la création du Coran était du Kufr. Cependant, il ne considérait pas le chef des musulmans, Ma’moon, comme un Kafir lorsqu’il parlait de la création du Coran, puisqu’il s’agissait d’une interprétation.

4. Les musulmans doivent avoir des preuves claires du Kufr du dirigeant avec des preuves définitives et des preuves affirmatives.

5. Khurooj (خروج Dissidence) contre le dirigeant ne doit pas conduire à la corruption et à un mal plus grand que celui de rester obéissant au dirigeant.

Ce qui distingue les partisans de cette Shubha (شبهة opinion juridiquement douteuse), c’est leur production prolifique de preuves tirées du Coran et de la Sunna, en plus des déclarations recueillies auprès d’éminents érudits et de pieux prédécesseurs. Ils assaillent ensuite de ces textes ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ou ceux qu’ils surprennent. L’insolence et la dureté qu’ils déploient à l’encontre des musulmans se manifestent en même temps que leur douceur et leur mansuétude à l’égard du plus grand des tyrans !

Parmi les textes les plus connus, on peut citer :

Allah (swt) a dit :


 يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ أَطِيعُواْ ٱللَّهَ وَأَطِيعُواْ ٱلرَّسُولَ وَأُوْلِي ٱلۡأَمۡرِ مِنكُمۡۖ فَإِن تَنَٰزَعۡتُمۡ فِي شَيۡءٖ فَرُدُّوهُ إِلَى ٱللَّهِ وَٱلرَّسُولِ إِن كُنتُمۡ تُؤۡمِنُونَ بِٱللَّهِ وَٱلۡيَوۡمِ ٱلۡأٓخِرِۚ ذَٰلِكَ خَيۡرٞ وَأَحۡسَنُ تَأۡوِيلًا

« Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement). » [Sourate 4:59]

Abu Huraira a rapporté que le Messager d’Allah (saw) a dit :

«عَلَيْكَ بِالطَّاعَةِ فِي مَنْشَطِكَ وَمَكْرَهِكَ وَعُسْرِكَ وَيُسْرِكَ وَأَثَرَةٍ عَلَيْكَ»

« Vous devez obéir quand vous vous sentez énergiques et quand vous vous sentez fatigués, dans l’aisance et dans la difficulté, et quand on vous préfère d’autres personnes. » Il est considéré comme authentique, rapporté par An-Nasa’i et Ahmed !

Abu Huraira a rapporté que Rasul Allah (saw) a dit :

«مَنْ أَطَاعَنِي فَقَدْ أَطَاعَ اللَّهَ وَمَنْ عَصَانِي فَقَدْ عَصَى اللَّهَ وَمَنْ أَطَاعَ أَمِيرِي فَقَدْ أَطَاعَنِي وَمَنْ عَصَى أَمِيرِي فَقَدْ عَصَانِي»

« Quiconque m’obéit, obéit à Allah, et quiconque me désobéit, désobéit à Allah, et quiconque obéit au chef que j’établis, m’obéit, et quiconque désobéit au chef que j’établis, me désobéit. »

Et dans une autre narration, il y a le mot « le dirigeant » (الأمير) et « l’Imam » (الإمام) au lieu du mot « le dirigeant que je nomme » (أميري), Il est classé comme authentique, également agréé, également rapporté dans An-Nasai, Ibn Majah et Ahmed.

Ibn Abbas a rapporté que Rasul Allah (saaw) a dit :

«مَنْ رَأَى مِنْ أَمِيرِهِ شَيْئًا يَكْرَهُهُ فَلْيَصْبِرْ فَإِنَّهُ مَنْ فَارَقَ الْجَمَاعَةَ شِبْرًا فَمَاتَ فَمِيتَةٌ جَاهِلِيَّةٌ»

« Si quelqu’un voit son dirigeant faire quelque chose qu’il désapprouve, il doit patienter, car celui qui se sépare du groupe des musulmans, ne serait-ce que d’un empan, et qui meurt ensuite, mourra de la mort de l’ignorance. »

Le Hadith est Sahih (صحيح Authentique) et son authenticité est reconnue. Dans la narration de Muslim, il est dit :

«فَإِنَّهُ مَنْ خَرَجَ مِنَ السُّلْطَانِ شِبْرًا مَاتَ مِيتَةً جَاهِلِيَّةً»

« Car quiconque s’éloigne du sultan, ne serait-ce que d’un empan, mourra de la mort de l’ignorance ».

Il est également rapporté par Ahmad avec une chaîne de narration Sahih.

RasulAllah (saw) a dit :


يَكُونُ بَعْدِي أَئِمَّةٌ لاَ يَهْتَدُونَ بِهُدَاىَ وَلاَ يَسْتَنُّونَ بِسُنَّتِي وَسَيَقُومُ فِيهِمْ رِجَالٌ قُلُوبُهُمْ» قُلُوبُ الشَّيَاطِينِ فِي جُثْمَانِ إِنْسٍ» قَالَ قُلْتُ كَيْفَ أَصْنَعُ يَا رَسُولَ اللَّهِ إِنْ أَدْرَكْتُ ذَلِكَ قَالَ ‏«تَسْمَعُ وَتُطِيعُ لِلأَمِيرِ وَإِنْ ضُرِبَ ظَهْرُكَ وَأُخِذَ مَالُكَ فَاسْمَعْ وَأَطِعْ

« Il y aura des chefs qui ne se laisseront pas guider par mes conseils et qui n’adopteront pas mes voies ? Il y aura parmi eux des hommes qui auront des cœurs de diables dans des corps d’êtres humains. J’ai dit : « Que dois-je faire ? Messager d’Allah, si je vis à cette époque ? » Il me répondit : Tu écouteras l’émir et tu exécuteras ses ordres ; même si on te fouette le dos et qu’on te vole tes biens, tu devras écouter et obéir ».

Ce récit est rapporté par Muslim et Al-Hakim, de près par Abu Salam.

D’après les paroles des savants :

Shaykhul Islam Ibn Taymiyyah dit dans son « Minhaj Sunnah », que :


ولهذا كان المشهور من مذهب أهل السنة أنهم لايرون الخروج عن الأئمة وقتالهم بالسيف، وإن كان فيهم ظلم، كما دلت على ذلك الأحاديث الصحيحة المستفيضة عن النبي صلى الله عليه وسلم؛ لأن الفساد في القتال والفتنة أعظم من الفساد الحاصل بظلمهم بدون قتال ولا فتنة. ولعله لا يكاد يعرف طائفة خرجت على ذي سلطان، إلا وكان في خروجها من الفساد ما هو أعظم من الفساد الذي أزالته

« Par conséquent, les célèbres écoles de pensée d’Ahl Sunnah ne considèrent pas le Khurooj (خروج dissidence) de (l’obéissance aux) dirigeants et le fait de les combattre avec l’épée, s’ils sont oppressifs, comme cela a été indiqué par des hadiths authentiques élaborés de RasulAllah (saw). Cela est dû au fait que la corruption et les tribulations pendant le combat sont plus grandes que la corruption et les tribulations existantes dues à leur oppression sans combat. Le groupe qui s’était dissocié de l’obéissance au sultan le savait à peine. Cependant, leur dissidence due à la corruption était pire que la corruption qu’ils avaient éliminée. »

C’est ainsi qu’ils sont confus dans leur appel et agressifs dans leur discorde. Ce qui les aide, c’est la condition dans laquelle nous vivons aujourd’hui en termes de déclin intellectuel, de concepts islamiques déformés en général, et ce qui est lié à la politique de la charia en particulier. Ils ont utilisé cette situation de manière efficace et ont trouvé la meilleure atmosphère et un terrain fertile pour leurs Shubhaat (شبهات Opinions Juridiquement Douteuses).

Devant ces preuves explicites qu’ils lancent contre ceux qui s’y opposent, le musulman devient confus et regrette. Le musulman est confus parce qu’il est confronté à une grande oppression de la part de ces tyrans qui ne sera pas éliminée par le simple silence et l’obéissance, mais qui sera plutôt aggravée et augmentée. Le musulman est confus parce que tout ce que l’Islam a cultivé en lui de noble l’empêche de s’incliner devant quiconque autre qu’Allah (swt) et de rester silencieux sur la Ma’siyya (معصية désobéissance).

Comment peut-il en être autrement lorsqu’il lit ce qu’il lit dans la Sira (سيرة Biographie) de Muhammad (saw), qui s’est élevé contre les chefs du mensonge et a refusé de leur être soumis ? Comment peut-on penser qu’Allah (swt) et RasulAllah (saw) nous ont ordonné de nous soumettre à ceux-là même qui combattent Allah (swt) et RasulAllah (saw) ?!

Quant au regret, c’est parce qu’ils entendent des textes corrects auxquels on ne peut répondre ou qu’on ne peut réfuter ! Ainsi, le pouvoir de changement est perdu et le changement de Haraaam (حرام) devient lui-même « Haraam » ! Cela transforme l’obéissance à Allah (swt) en l’obéissance de ses ennemis (swt) ! Et cela déchire les paroles lumineuses du héros cavalier, Rabi’ ibn Aamir, lorsqu’il a dit, إن الله ابتعثنا لإخراج من شاء من عبادة العباد إلى عبادة رب العباد « Allah nous a envoyés pour délivrer qui il veut de l’adoration de la création à l’adoration du Créateur de la création. « 

Ici, le point important, digne d’attention, est que nous sommes la Oumma des textes et des narrations. Il n’est donc pas judicieux que la première réponse à ce postulat soit de discréditer ses partisans en exposant leurs relations suspectes avec les dirigeants avant de réfuter de manière complète et exhaustive leurs opinions douteuses sur le plan juridique. La plupart de ceux qui suivent cette orientation le font par respect pour les textes, même si cela va à l’encontre de leurs désirs et de leur propre personne. C’est pourquoi il est erroné de s’attaquer à eux sans étudier les textes et sans en dégager le sens. Sinon, l’attaque serait en faveur du Shubha, car il apparaîtrait comme plus conforme à la noble Révélation que nous ne le sommes. Il semblerait alors que nous soyons des abhorrés qui préfèrent le raisonnement humain au Dalil (دليل Preuve Divine) !

Lorsque nous examinons les questions et les textes qu’ils racontent pour leur Shubha, nous constatons qu’ils sont centrés sur les points suivants :

  1. Textes imposant l’obéissance aux dirigeants de l’autorité.
  2. Hadiths sur les conflits :


بَايَعْنَا رَسُولَ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم عَلَى السَّمْعِ وَالطَّاعَةِ فِي الْعُسْرِ وَالْيُسْرِ وَالْمَنْشَطِ وَالْمَكْرَهِ» وَعَلَى أَثَرَةٍ عَلَيْنَا وَعَلَى أَنْ لاَ نُنَازِعَ الأَمْرَ أَهْلَهُ إِلاَّ أَنْ تَرَوْا كُفْرًا بَوَاحًا عِنْدَكُمْ مِنَ اللَّهِ فِيهِ بُرْهَانٌ وَعَلَى أَنْ نَقُولَ بِالْحَقِّ أَيْنَمَا كُنَّا لاَ نَخَافُ فِي اللَّهِ لَوْمَةَ لاَئِمٍ

« Le Messager d’Allah (saw) nous a appelés et nous lui avons prêté serment d’allégeance. Parmi les obligations qu’il nous a imposées, il y a : L’écoute et l’obéissance (à l’émir) dans la difficulté et dans la prospérité, dans l’épreuve et dans l’aisance, endurer la discrimination et ne pas contester la gouvernance avec ceux qui détiennent le pouvoir, à moins que vous ne voyiez Kufr Buwaha (بواح Manifeste) pour lequel il y a un Burhan (بُرْهَانٌ Preuve) de la part d’Allah (swt). Nous avons juré fidélité au Messager d’Allah pour dire ce qui est juste où que nous soyons, sans craindre le reproche de qui que ce soit. » Cela est rapporté par Bukhari, Muslim, Ahmed, Tabarani et d’autres. Ils comprennent « Sauf si vous voyez le Kufr Buwaha » comme « le Kufr du dirigeant ».

3. Hadiths sur Munâbdha (منابذة Répudiation) :

خِيَارُ أَئِمَّتِكُمُ الَّذِينَ تُحِبُّونَهُمْ وَيُحِبُّونَكُمْ وَيُصَلُّونَ عَلَيْكُمْ وَتُصَلُّونَ عَلَيْهِمْ وَشِرَارُ أَئِمَّتِكُمُ الَّذِينَ تُبْغِضُونَهُمْ وَيُبْغِضُونَكُمْ وَتَلْعَنُونَهُمْ وَيَلْعَنُونَكُمْ»‏.‏ قِيلَ يَا رَسُولَ اللَّهِ أَفَلاَ نُنَابِذُهُمْ بِالسَّيْفِ فَقَالَ «لاَ مَا أَقَامُوا فِيكُمُ الصَّلاَةَ وَإِذَا رَأَيْتُمْ مِنْ وُلاَتِكُمْ شَيْئًا تَكْرَهُونَهُ فَاكْرَهُوا عَمَلَهُ وَلاَ تَنْزِعُوا يَدًا مِنْ طَاعَةٍ

« Les meilleurs de vos chefs sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, qui invoquent sur vous les bénédictions d’Allah et que vous invoquez sur eux Ses bénédictions. Et les pires de vos dirigeants sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent, que vous maudissez et qui vous maudissent. On a demandé : Ne devrions-nous pas leur résister (les renverser) à l’aide de l’épée ? Il répondit : Non, tant qu’ils établissent la Salat parmi vous. Si donc vous trouvez en eux quelque chose de détestable, vous devez haïr leur gouvernement, mais ne pas vous soustraire à leur obéissance. »

Bien sûr, ils ont interprété « à condition qu’ils établissent la Salat parmi vous » comme nous permettant simplement de prier.

4. La question de l’obéissance au souverain usurpateur.

Après avoir examiné leur méthodologie d’approche des textes et examiné soigneusement la noirceur de la Shubha dans laquelle ils ont tenté de dissimuler l’erreur, on est guidé par la bénédiction d’Allah vers leur erreur, qui se trouve dans les trois étapes de la méthodologie de l’Ijthihad juridique qu’ils sont :

  • Comprendre la réalité ou Tahqîq ul Manât(تحقيق المناط Investigation des objets)
  • Il s’agit de présenter les textes et leurs études en s’assurant de l’absence de contradiction, ainsi que de s’approcher de la base Usuli lorsqu’il existe une contradiction.
  • Appliquer les textes à la réalité.

Erreur complète dans la compréhension de la réalité ou Tahqîq ul Manât (تحقيق المناط Investigation des objets) :

C’est peut-être le plus dangereux des faux pas et cela suffit à réfuter le Shubha dans son origine.

Qui sont les Oolul-Amr (أولو الأمر Chefs d’autorité) auxquels l’obéissance est obligatoire ?

Le sens de la charia :

Oolul-Amr (أولو الأمر Chefs d’autorité) : ceux qui détiennent l’autorité dans les affaires de la Oumma, ceux qui sont en charge des affaires légalement, entre les mains desquels se trouve la direction de la Oumma.

Cette terminologie est apparue dans la charia, comme dans le discours de Rasul Allah (saw) dans un Hadith Sahih :

ثَلَاثُ خِصَالٍ لَا يَغِلُّ عَلَيْهِنَّ قَلْبُ مُسْلِمٍ أَبَدًا إِخْلَاصُ الْعَمَلِ لِلَّهِ، وَمُنَاصَحَةُ وُلَاةِ الْأَمْرِ، وَلُزُومُ الْجَمَاعَةِ

« Il y a trois cas où le cœur du croyant ne trahit pas : la sincérité de l’action pour Allah, le conseil sincère au chef des affaires, et l’adhésion à la Jama’a (corps principal des musulmans)… »

Cette signification est clairement apparente dans le récit de RasulAllah (saw) se présentant à la tribu de Banu Amir, tel que raconté par Ibn Hisham. Baheera ibn Faraas de la tribu Banu Aamir Bin Sa’sa’ dit :  » Que dirais-tu si nous te donnions l’allégeance pour ton autorité (الأمر), et qu’ensuite Allah te rendait victorieux contre ton adversaire, l’autorité ((الأمر)) sera-t-elle pour nous après toi ? « . Il (saw) dit :

« الأمر إلى الله يضعه حيث يشاء« 

« L’autorité appartient à Allah et Il la donne à qui Il veut » Baheera lui dit : « Visez-vous notre abîme aux Arabes sans vous. Si Allah vous a rendus victorieux et que les affaires appartiennent à d’autres que nous, nous n’avons pas besoin de vos affaires et c’est pourquoi ils ont refusé. » On sait que l’intention est la gouvernance et l’autorité. L’acceptation des Ansaar après le refus des Banu Amir en est la preuve, ce qui a donné lieu à l’établissement de cette autorité à Médine.

Cette signification est également apparente dans le Hadith de la Prophétie, dans lequel Rasul Allah (saw) a dit :


لَيَبْلُغَنَّ هَذَا الْأَمْرُ مَا بَلَغَ اللَّيْلُ وَالنَّهَارُ، وَلَا يَتْرُكُ اللهُ بَيْتَ مَدَرٍ وَلَا وَبَرٍ إِلَّا أَدْخَلَهُ هَذَا الدِّينَ، يُعِزُّ عَزِيزًا وَيُذِلُّ ذَلِيلًا، عِزًّا يُعِزُّ اللهُ بِهِ الْإِسْلَامَ وَذُلًّا يُذِلُّ اللهُ بِهِ الْكُفْر

« Cette affaire (الأمر) atteindra certainement tous les endroits touchés par la nuit et le jour. Allah ne quittera pas une maison ou une résidence si Allah n’y fait pas entrer ce Deen, par lequel l’honorable sera honoré et l’infâme sera déshonoré. Allah honorera l’honorable par l’islam et déshonorera le déshonorant par le Kufr. »

Rapporté par l’imam Ahmed, Tabarani et Bayhaqi. Il a été authentifié par Al Hakim et Albani.

Allah (swt) a dit :

يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ أَطِيعُواْ ٱللَّهَ وَأَطِيعُواْ ٱلرَّسُولَ وَأُوْلِي ٱلۡأَمۡرِ مِنكُمۡ

« Ô vous qui avez cru, obéissez à Allah et obéissez au Messager et à ceux qui détiennent l’autorité parmi vous ». [Sourate an-Nisa 4:56]

Tous les Salafs (سلف prédécesseurs), y compris Abu Huraira (ra) et Ibn Abbas (ra), sont d’accord pour dire qu’il s’agit ici des Umara’a (أمراء dirigeants) et l’imam Tabari et Nawawi ont donné la prépondérance à ce point de vue. C’est également l’avis de la majorité des prédécesseurs et des successeurs.

Certains savants affirment que Oolul-Amr (أولو الأمر Chefs d’autorité) fait référence aux Oulémas (علماء Savants). Toutefois, si l’on examine attentivement cette opinion, il apparaît clairement que le ‘Aalim (عالم savant) ne doit pas être obéi, mais qu’il doit être suivi et imité. Il n’est pas obligatoire de lui obéir, comme c’est le cas pour le dirigeant dans tout ce qu’il édicte comme lois et adopte comme Ahkaam (أحكام).

Par conséquent, le Waliy ul-Amr (ولي الأمر Chef de l’autorité) des musulmans, à qui l’obéissance est obligatoire, est celui qui s’occupe des affaires du Deen des musulmans. C’est parce que c’est l’affaire des musulmans et que les musulmans n’ont pas d’autres affaires que leur Deen. C’est grâce à cela qu’ils deviennent une Oumma à l’exclusion des autres. C’est ce qui caractérise la civilisation de leur Oumma. Et c’est grâce à cela que leur entité politique est trouvée. Quant à ceux qui s’occupent des affaires autrement que par l’Islam, comme ceux qui gouvernent avec une constitution laïque, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse d’un système démocratique libéral occidental ou d’une pensée socialiste nationale ou de toute autre chose que le système islamique dont la gouvernance est basée sur la charia d’Allah. Ils sont donc les maîtres des affaires de ce qu’ils assument et ils ne sont pas les maîtres de l’autorité pour les musulmans. Et ils entrent dans la parole d’Allah (swt) :

وَمَن يُشَاقِقِ ٱلرَّسُولَ مِنۢ بَعۡدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ ٱلۡهُدَىٰ وَيَتَّبِعۡ غَيۡرَ سَبِيلِ ٱلۡمُؤۡمِنِينَ نُوَلِّهِۦ مَا تَوَلَّىٰ وَنُصۡلِهِۦ جَهَنَّمَۖ وَسَآءَتۡ مَصِيرًا

« Si quelqu’un conteste le Messager, alors que la direction lui a été clairement transmise, et suit une autre voie que celle des croyants, Nous ferons de lui ce qu’il a lui-même supposé, et le ferons entrer en Enfer, quel mauvais refuge ! » [Sourate an-Nisa 4:115]

Alors, comment se fait-il que l’on assume les affaires des musulmans, alors que l’on assume les affaires d’autres que l’Islam ?!

Ici, il est essentiel de savoir que le discours d’Allah (swt), le discours de RasulAllah (saw) ou le discours des Fuqaha dignes de confiance se référant à, « Waliy ul-Amr (ولي الأمر Chef d’Authorité)  » ou  » Imam  » ou  » Khalifa  » ou tout autre terme similaire, chaque fois qu’il est mentionné, ne se réfère qu’à l’Ameer ou à l’Imam Shar’i (شرعي Legitime) qui remplit les stipulations Shar’i. Il n’est pas permis de penser qu’Allah (swt) et RasulAllah (saw) ont l’intention de se référer par ces termes, chaque fois qu’ils le font, aux dirigeants du kufr, aux dirigeants corrompus et oppressifs ou à celui qui usurpe l’autorité ou à d’autres criminels.

Pour un Imam ou Ameer Shar’i (شرعي Légitime), il y a deux aspects :

1. Shar’iyyah (شرعية Légitimité) du dirigeant : Le souverain doit remplir toutes les conditions du Shuroot ul-Iniqaad (شروط الانعقاد Condition contractuelle), c’est-à-dire qu’il doit être musulman, mature, sain d’esprit, libre, ‘Aadil (عادل Juste) et compétent. Il doit également remplir la condition que l’Autorité lui soit confiée par une Bay’a (بيعة serment d’allégeance) avec consentement et choix.

Si les conditions du contrat ne sont pas remplies, que le dirigeant prenne le pouvoir sur la base du système Kufr, ou par le biais d’élections démocratiques exclusivement, ou en usurpant l’autorité dans le système islamique, sans le consentement des musulmans, il est un dirigeant illégitime et son règne sera illégitime.

2. Shar’iyyah (شرعية Légitimité) du système : Pour qu’un système soit islamique, il doit mettre en œuvre la Shari’a (شرع Loi islamique) en interne, c’est-à-dire la Siyaadah (سيادة souveraineté) de la loi islamique. La Siyaadah (سيادة souveraineté) et la Haakimiyah (حاكمية juridiction) de la loi islamique sont réalisées, le pouvoir de décision et le Sultan (سلطان autorité) sont entre les mains des musulmans au niveau interne et la ‘Iza (عزة honneur) de l’Islam et des musulmans est assurée dans les relations internationales. Et ce, afin que l’État islamique soit un État souverain indépendant au sens international du terme, c’est-à-dire un État indépendant jouissant d’une totale indépendance. Il n’est pas permis à un État d’être colonisé ou d’être sous le protectorat, la régence ou le mandat des Kuffar ou de toute autorité de Kufr, ou quoi que ce soit d’autre qui viole sa souveraineté. En d’autres termes, le Dar (دار Demeure) doit être un Dar ul-Islam (دار الإسلام Demeur de l’Islam) et absolument jamais un Dar ul-Kufr (دار الكفر Demeure du Kufr).

Après Tahqeeq ul Manaat (تحقيق المناط Investigation des objets) de ces conditions avec nos gouvernants d’aujourd’hui, il est clair, sans aucun doute, que nos gouvernants d’aujourd’hui sont :

  • Ceux qui contrôlent le pouvoir par la force ou par succession, malgré la colère du peuple.
  • Ceux qui ont été élus ou qui ont prêté serment d’allégeance, et dont le serment d’allégeance reposait sur une constitution élaborée par l’homme.
  • Ceux qui gouvernent avec des lois élaborées par l’homme dans lesquelles l’Islam n’est qu’une des sources de la législation, et non la source unique et exclusive. Ces législations sont du Kufr manifeste, comme le fait de chercher à obtenir un jugement à partir de lois internationales qui combattent l’Islam et les musulmans ou qui sont en contradiction avec la Charia d’Allah (swt), telles que les Nations Unies ou son Conseil de sécurité.
  • Chacun de nos dirigeants viole la condition de ‘Adaalah (عدالة Agir avec justice) en raison de sa corruption ou de son Kufr et, par conséquent, le serment d’allégeance ne peut pas être contracté sur eux à l’origine.

Par conséquent, avant de se lancer dans l’Istidlaal (استدلال Prouver) avec des textes sur l’obéissance aux dirigeants des affaires, il faut d’abord déterminer si nos dirigeants méritent cette position.

D’après les conditions de la Charia mentionnées ci-dessus, il n’y a absolument aucun dirigeant légitime sur la surface de la Terre aujourd’hui. Il n’existe que des tyrans insensés qui négligent les lois d’Allah (swt) et gouvernent avec les lois de l’ignorance.

Le fait de prouver par des textes l’obéissance au chef de l’autorité et de les appliquer aux dirigeants d’aujourd’hui revient à appliquer les lois d’obéissance au « mari » dans le cas de Zina (زناة adultère) !

Tout ordre de leur obéir est un ordre de Ma’siyya (معصية désobéissance à Allah (swt)), légalisant le mensonge, soutenant la règle du kufr et coopérant au péché et à l’agression. En outre, c’est jouer avec les lois d’Allah (swt), trahir la Oumma et parler d’Allah (swt) sans en avoir la certitude.

C’est le sujet complet de « Tahqeeq ul Manaat (تحقيق المناط Investigation des objets) de Waliy ul- Amr (ولي الأمر Chef d’Authorité) » afin de réduire en miettes le Shubha (شبهة Opinions Juridiquement Douteuses). Et cela clarifie également l’étendue de la déviation et de l’audace devant Allah (swt) de ceux qui vénèrent les dirigeants actuels et le clergé des tyrans.

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