Le complot de la France envers le sud de la Libye.

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La révolution en Libye entre dans sa huitième année et elle n’est toujours pas arrivée à bon port. Voyant qu’elle n’a pas réussi à éloigner le leadership du pouvoir représenté dans la personne de Kaddafi et son entourage, elle s’est engagée dans l’arrêt des combats jusqu’à ce que les forces révolutionnaires réussissent à récupérer leur organisation et à sortir de la défaite et de la dispersion et qu’elle récupère son réseau de contact avec les forces extérieures. Par ailleurs, les combats locaux se sont fondus dans le décor de la révolution et le pays est face au danger de la division et de la dispersion.

A l’Est, Haftar contrôle la majorité de la région orientale à l’exception de Darnah qui est aux mains des révolutionnaires mais qui reste assiégée par les milices du général Haftar. Les avions égyptiens et émiratis soutiennent ce siège par des bombardements sur la ville et ses habitants, causant la destruction et la mort au sein des civils. Enfants, femmes et personnes âgées sont tués sous l’acceptation tacite des Etats-Unis et son soutien caché direct et via ses agents.

A l’Ouest, le gouvernement de Sarraj contrôle certaines régions, notamment la capitale, avec le soutien d’un groupe de milice. Au Sud, la situation est désastreuse. Depuis plus de deux ans, les rivalités ne prennent fin et la tuerie est présente de façon journalière. La région est proie aux conflits d’intérêts et des projets variés qui ne prennent fin. Les Etats-Unis, via leur agent Haftar, soutiennent et arment les groupes de la tribu des « Awlâd Sulayman » pour la pousser vers une guerre destructrice contre les groupes des tribus Toubous derrières lesquels se cachent la France. La France se serre en effet des Toubous pour en tirer des éléments lui servant dans sa politique du Tchad – pays sous influence française avec Idriss Deby – dans le cadre d’une tentative désespéré pour le contrôle du sud de la Libye. Le Ministre français des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian n’hésite pas à battre les tambours de guerre et appelle à l’intervention en Libye « avant qu’il ne soit trop tard », tentant par-là d’attirer la Communauté Internationale vers cette direction grâce à l’argument de la guerre contre le terrorisme, dont le sud de la Libye en deviendrait le « hub ». Il avait notamment attiré l’attention sur la présence de chefs de guerre comme Belmokhtar, l’un des leaders d’Al-Qaida au Maghreb Islamique, et d’Iyad Ag Ghali, leader du groupe Ansar al-Dîn. Par ailleurs, il avait appelé l’Union Africaine, l’ONU et les pays voisins à lutter contre cette situation, l’objectif était clairement de pousser les pays du Sahel et du Sahara à appeler à une intervention internationale au sud de la Libye pour lutter contre le « terrorisme » qui en soit, est précisément ce que la France et les Etats-Unis essayent d’implanter dans la région afin de s’en servir comme prétexte pour y intervenir sous couvert des Nations-Unis et de la Communauté Internationale.

Afin d’imposer la division et le contrôle de la région, la France a réussi à rassembler les leaders africains lors du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique et à les orienter pour qu’ils adoptent l’opinion selon laquelle il est nécessaire d’avoir une intervention contre le danger que représente la situation sud libyenne envers la sécurité et la stabilité de l’Afrique. Par ailleurs, elle a poussé les acteurs du Processus de Nouakchott à faire des déclarations de sorte à exagérer le danger que représente le Sud de la Libye contre la sécurité et la stabilité dans les pays du Sahel et du Sahara. Ibrahim Keita, président du Mali a déclaré «le Sud de la Libye est une source de chaos » et a appelé les Nations-Unies à l’action. Le président tchadien Idriss Deby a de son côté déclaré : « La Libye est actuellement une terre fertile pour le terrorisme et toutes sortes de criminels », avant d’ajouter que l’Otan doit terminer son travail en Libye. De son côté, le président nigérian Mahmadou Issoufou a explicitement appelé à l’intervention de l’Occident réitérant la position de plusieurs chefs d’Etat africains, que l’action militaire des grandes puissances était nécessaire pour contenir le chaos de plus en plus grand régnant dans le pays« Une intervention internationale est indispensable comme préalable à la réconciliation de tous les Libyens » (Al-Sharq Al-Awsat 12/01/2015).

Idriss Deby président du Tchad

Il semblerait donc que la France ait assuré les préparations et qu’elle planifie une intervention majeure au sud de la Lybie sous divers prétextes. Le journal « Al-Shourouq al-Jazairiyya » avait publié le 12 août 2015, un article qui avait fait pas mal de polémique. L’article citait une source officielle libyenne qui déclarait que la France avait un plan pour la Libye et qu’elle travaillait pour son application en collaboration avec un Etat du Golfe dont le nom n’avait pas été cité (il s’agit en réalité des Emirats Arabes Unis). Ce pays avait octroyés divers avantages à plusieurs leaders du précédent régime et aux opposants de la révolution et leur avait permis de rencontrer les tribus Touareg et Toubous, ainsi que des officiers de l’armée. Ces dialogues avaient été organisés dans le cadre des tentatives de l’unification du sud de la Libye, qui prétendaient être une étape pour la solution de la crise libyenne. En réalité, ceci n’est autre que le plan de la France pour contrôler le Sud après la division de la Libye en deux républiques bananières, chacune ayant une allégeance envers un pays occidental différent ! Dans cette situation, le combat entre les diverses factions persisteront. Il pourra être envisagé un Etat pour les Touareg, un autre pour les Toubous, et on parlera de la région du Barqa et de celle de Tripoli qui continueront de combattre entre elles. Ce qui est également confirmé par les récentes montées nationalistes dans les milieux d’origine africaine d’une part et d’origine arabe d’une autre.

Enfin, il nous semble primordiale de jeter un coup d’œil à la réaction de l’Algérie face à la question sud-libyenne. En effet, l’Algérie a été fortement dérangée par la stratégie française en Libye et de son agitation du nationalisme dans la région. C’est pourquoi elle a rapidement pris l’initiative d’organiser une rencontre entre Ali Zaydan (ex premier-ministre) proche du précédent régime et des membres de la tribu des Toubous et des Touaregs. Il semblerait que ceci soit une tentative de l’Algérie d’intégrer le processus afin de l’influencer de sorte à ce qu’elle ne nuise pas aux intérêts algériens.

La responsabilité de s’opposer à ces plans belliqueux envers les musulmans revient avant tout au peuple libyen et d’une manière générale à la Oumma entière, qui doivent prendre conscience des plans que l’Occident prépare pour assurer son intérêt au détriment des musulmans. Le peuple libyen, grâce à ses forces vitales, est capable de mettre ces plans belliqueux en déroute et de chasser les ennemis de la Oumma des terres libyennes. Il faut pour cela, qu’il prenne l’initiative rapide de rassembler ses forces vitales, qu’il rejette la division et qu’il s’attache à la Corde d’Allah le Très Haut. Que ce soit la France ou quelconque autre pays, ils n’ont aucune chance de réussite sur nos terres, sauf si nous tardons à réagir. Sachez, chers frères et sœurs, que ni la France, ni quelconque autre pays s’attaquant au monde musulman, ne pourront réaliser leurs projets dans nos terres s’ils n’avaient des agents valets sur place, prêts à le servir, parmi nos enfants. Les musulmans ne doivent jamais oublier que le fait de se soumettre aux pressions des forces ennemies, c’est cela même le suicide politique et c’est cela qui mène à la destruction contre laquelle Allah le Très Haut nous a mis en garde : « Et ne vous penchez pas vers les injustes: sinon le Feu vous atteindrait. » [Sourate Hûd, V.113]. Et Il dit : « Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction » [Sourate Al-Baqara, V.195].


Ahmad Al-Muhazzab

Ecrit pour le journal Ar-Rayah – numéro 177

(Traduction résumée)

London Conference on The Illegal Wildlife Trade

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