Erdogan et les élections présidentielles anticipées
Le Président turc Erdogan a annoncé que les élections présidentielles et parlementaires prévues pour le 03/11/2019 avaient été avancé à la date du 24 juin prochain. Il a apporté comme argument le fait que le pays devait rapidement passer au système présidentiel exécutif pour sortir de la situation d’incertitude qui plane dessus. Le président du parti nationaliste Bahceli l’a également soutenu dans cette démarche.
Erdogan veut sans doute tirer avantage de sa popularité grandissante après l’opération d’Afrin en Syrie, qui en soit est une manipulation. Les gens ont en effet considéré cette opération de manière fort superficielle comme étant une opération contre les combattants kurdes qui menaçaient le pays. Cette opération était également soutenue par le parti du mouvement nationaliste en raison de sa vision nationaliste mais également pour ses liens avec les Etats-Unis. Très peu de personnes ont compris qu’Erdogan était en train de servir les plus grands criminels, les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et le Régime syrien. Il s’est allié avec ces criminels pour réaliser l’opération d’Afrin afin de nuire à la révolution syrienne de manière fatale. Il a attiré l’attention vers son opération, mobilisé les rebelles vers la région d’Afrin et a laissé le Régime entrer au sud d’Idlib et par la suite, la région de Ghouta, avec le soutien de la Russie et de l’Iran. Ceci est semblable à ce qu’il avait réalisé lors de l’opération « le Bouclier de l’Euphrate » où il avait fait sortir les rebelles de la ville d’Alep pour les mobiliser vers Al-Bab et avait ainsi permis aux criminels du Régime de prendre le contrôle d’Alep. Il s’agit là d’une série de trahisons qu’Erdogan est responsable, toutefois, les illusionnés continuent de l’applaudir.
Certes, Erdogan a décidé d’avancer la date des élections en prévision du changement de situation, particulièrement la situation économique qui s’empire. La valeur de la livre turque chute depuis 2014 et il n’arrive pas à la sauver malgré les tentatives désespérées, car en effet, il manque de devises fortes pour rembourser la dette dont le pays ne fait qu’accumuler. D’ailleurs, en septembre 2017, le Secrétariat du Trésor Public a annoncé que la dette extérieure de la Turquie atteignait 428 milliards de dollars. La Turquie a été obligée de faire appel au marché pour rassembler des devises fortes afin de payer le service de la dette. Le Département du Trésor Public a annoncé le 21/10/2017 qu’elle planifiait de payer 10,95 milliards de dollars, qui représentent seulement une partie du montant total du service de la dette pour 2017, qui atteint 43,1 milliards de dollars. Le Département annonce : « compte tenu de l’augmentation générale du service de la dette et l’évolution des recettes hors emprunt pendant l’année 2017, l’augmentation de la dette générale est supérieure à ce qui a été annoncé initialement.». L’inflation a dépassé les 10%. La situation s’est aggravée ces derniers mois poussant Moody’s a lancer un avertissement le 14/04/2018 disant « la faiblesse actuelle de la Livre turque est spécifiquement problématique pour l’économie de la Turquie […] ce qui représente un crédit négatif pour sa dette souveraine ». Par ailleurs, Moody’s a attiré l’attention sur la faiblesse des stocks de devises fortes. Il y a également un déséquilibre entre les importations et les exportations. Le déficit courant a augmenté de 37,5% pour atteindre 77,06 milliards de dollars et sont payés par les liquidités qui se trouvent sur le marché, comme l’a affirmé le Ministère du commerce et de la douane.
La Turquie a essayé de freiner l’affaiblissement de la Livre turque en augmentant les taux d’intérêt, mais en vain. Et quand, le 16/03/2018, Moody’s a revu la note de certaines institutions Turques à la baisse, Erdogan a explosé de colère et a dit : « La seule occupation de Moody’s est de mettre la Turquie dans un gouffre pour en faire profiter les parties qui seraient intéressées par cette situation. ». Par la suite, le vice premier-ministre et responsable de l’économie Mehmet Simsek a à son tour averti, disant « de suite après les élections, le gouvernement va faire des réformes économiques et la solution sera amère ». Erdogan a été obligé par la suite, de déclarer le 21/04/2018 « nous devons nous tenir prêt pour faire face à une turbulence économique, qui pourrait être causée par l’anticipation de la date des élections ». Ceux qui suivent Erdogan et qui vont voter pour lui ne comprennent pas qu’il est en train de leur préparer encore plus de difficultés économiques. Ceci est dû à leur superficialité dans leur manière de penser et au fait qu’ils ne prêtent pas attention à ceux qui les guident vers la vraie solution, comme Hizb-ut Tahrir, qui appelle à l’application du système économique de l’islam.
Par ailleurs, alors que la situation intérieure se détériore de jour en jour, Erdogan rempli les prisons. Le ministre de l’intérieur Soylu annonce le 10/01/2018 que le nombre de prisonniers en Turquie avait atteint 48 300 et que plus de 120 000 personnes avaient été limogés. Par ailleurs, il a fait emprisonner plusieurs activistes musulmans qui critiquait sa politique, notamment les membres de Hizb-ut-Tahrir, qui conseillent les dirigeants, les critiquent pour leur trahison et qui appellent les gens à changer leur dirigeant et à implémenter le système du Khalifat bien guidé.
Quant au soutien de Bahceli, leader du MHP (Parti du Mouvement Nationaliste), ceci est du fait qu’il soit pro-américain (comme Erdogan). Il a toujours soutenu Erdogan dans sa politique. Bahceli, le 3 novembre 2002, s’est retiré du gouvernement d’Ecevit (pro-britannique) et a préparé ainsi le terrain pour la victoire d’Erdogan. Par ailleurs, Bahceli et Erdogan voulait éviter la venue de Meral Aksener (pro-britannique) à la tête du MHP en renversant Bahceli. C’est pourquoi, les tribunaux du gouvernement d’Erdogan ont pris une décision à l’encontre de Meral Aksener. Ils ont ainsi réussi à préserver la position de Bahceli comme leader du MHP. C’est ainsi que Meral Aksener a été exclue du parti le 15/12/2016 et a créé le Parti « IYI » en date du 25/10/2017. Son parti a fait face à des obstacles l’empêchant de participer aux élections et il a reçu le soutien des kémalistes (pro-britannique).
Quant à la déclaration de Nauert, porte-parole du ministère des affaires étrangères, dans laquelle il affirme : « Nous trouvons inquiétant le fait que la Turquie ait choisit d’anticiper les élections alors qu’elle est encore en état d’urgence » ceci vise à dissimuler le vrai visage d’Erdogan et à influencer l’opinion publique. Tout comme les déclarations américaines lors de l’élection de Sisi en Egypte. Les Etats-Unis avaient fait part de leur inquiétude vis-à-vis des élections en Egypte et du manque de transparence. Toutefois, lorsque Sisi a été élu, le Président a été le premier à le féliciter. C’était également le président américain qui avait été le premier à féliciter le président Erdogan lors de sa victoire au référendum le 16/04/2017 qui avait permis le passage au système présidentiel et avait octroyé à Erdogan plus de compétences. Ces prochaines élections sont la suite de ce référendum. C’est d’ailleurs pour prouver son allégeance au Etats-Unis qu’Erdogan a été la première personne à les féliciter lors des dernières frappes américaines en Syrie.
Il est donc clair que les Etats-Unis soutiennent Erdogan dans ces élections. Erdogan en sortira probablement vainqueur. Une fois qu’il prendra l’entière contrôle des rennes, il pourra ainsi appliquer la politique américaine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et prouvera son entière fidélité envers les Etats-Unis. N’a-t-il pas réussi en Syrie à atténuer la révolution en manipulant les rebelles, ce que les Etats-Unis et la Russie n’ont pas réussi depuis des années ? C’est ainsi qu’il continuera de jouer un rôle important dans les divers régions pour tenter d’empêcher le projet de l’établissement du Khalifat sur la méthode prophétique, tout comme il le fait depuis 16 ans, en appelant à la laïcité et en luttant contre tous ceux qui appelle à l’application de l’islam et au retour du Khalifat. Mais hélas pour eux, le Khalifat se rétablira malgré Erdogan, malgré son maître l’Amérique, et malgré tous les mécréants et hypocrites. Car le Khalifat est la promesse d’Allah, Celui qui ne trahi jamais Ses promesses, et c’est la bonne nouvelle annncé par Muhammed SAAWS, celui qui ne déçoit jamais.
« Et Allah est souverain en Son Commandement: mais la plupart des gens ne savent pas. » [Yûsuf 21]
Es’ad Mansour,
Ecrit pour le journal Ar-Rayah – numéro 179