Comprendre l’usure: la guerre contre Allah et Son messager SAAWS

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Une des conséquences des Lumières était la relégation de la religion, au nom de la raison et de la recherche, en dehors de la sphère de la vie publique en la confinant au domaine privé uniquement. Ainsi, est apparue dans la pensée occidentale, une conception contemporaine de la religion, différente de celle dans la tradition islamique. La religion en Occident est conçue comme un ensemble de rituels, de principes moraux, et au plus, certaines prescriptions qui guident ou régulent la vie privé. Quant à l’économie, les transactions financières, l’interaction sociale, les principes politiques et judiciaires, ceci est le domaine de la raison humaine illuminée, et non pas de l’injonction divine (hukm char’i).

L’islam désapprouve catégoriquement ces absurdités irrationnelles. Le Créateur des Cieux et de la Terre détient le règne sur Sa création et il est la meilleure source aux solutions des problèmes de l’Homme – qu’ils soient du domaine du privé ou du public, spirituel ou politique, social ou économique.

La domination de la culture occidentale à travers le monde a flouté la clarté de cette compréhension dans l’esprit de nombreux musulmans. Par conséquent, malgré qu’il y ait peu de divergences dans les questions de la prière, du jeune et du pèlerinage, lorsqu’il s’agit de questions liées aux transactions financières et aux questions économiques, nous trouvons une myriade d’opinions et à certaines périodes, une grande confusion au sein des masses.

L’usure (Riba) fait partie de ces questions : un sujet qui fut traité d’une façon concluante par les savants classiques (malgré les différences dans les détails). Mais le sujet suscite beaucoup de controverses dans les temps modernes. Dans cet essai bref, nous souhaitons clarifier certains points importants afin d’éclaircir nos obligations et d’éviter ce qu’Allah a définitivement jugé prohibé.

L’usure (Riba) a comme sens linguistique dans la langue arabe : augmentation, croissance ou adjonction. Habituellement c’est traduit en français en tant qu’usure ou intérêt, malgré que ce soit un concept plus large.

Quant au sens technique, qui est d’importance, Riba est actuellement un concept bien plus dynamique ce qu’aurait pu comprendre nombreux parmi nous. Il peut survenir dans un contrat, dans de nombreuses formes et de multiples manières. Au niveau le plus élémentaire, Riba, c’est s’approprier de la richesse en échange de richesses du même type (de commodité), mais a montants inégaux. Il se classifie d’une façon générale en deux types :
1. Riba al-fadl : l’excès qui résulte dans la disparité, est dû à l’échange inégal des commodités impliqué.
2. Riba al-nasi’ah : l’excès qui résulte dans la disparité, est dû à l’ajournement de temps.

Il est important de noter, que riba survient dans trois types de contrat : le contrat de vente (bay’), le contrat de prêt (qardh) et le contrat a « terme » (salam) (ne pas à confondre avec le même dérivé de contrat à terme dans la finance moderne).

Concernant le contrat de vente, il s’agit d’un échange de richesses, pour d’autres richesses, avec le transfert (complet) de la possession. Pour ce qui est du contrat salam, il s’agit de de donner une commodité à un moment donné, avec l’accord de donner quelque chose en échange à un moment différé. Le contrat de prêt est effectivement un type de contrat salam ou un montant définie de richesses sont transférées à l’autre partie avec un accord sur le moment où il sera rendu.

Ayant présenté ces classifications techniques, nous allons les rassembler et présenter certains exemples afin d’atteindre une compréhension beaucoup plus pratique.

Riba al-fadl concerne plus le contrat de vente. Il survient quand une personne échange une commodité pour un nombre moins ou plus élevé de la même commodité avec un tiers. Par exemple Zaid donne Khalid 2 dinars d’or en échange de 3 dinars d’or, ou 10 dirhams d’argent pour 15 dirhams d’argent, ou 2 kg de blé pour 2,5 kg de blé. Ceci est du riba et est haram pour raison de la parole du Messager (SAAWS) parmi de nombreuses autres hadiths rapportés par Ubaydah ibn al-Samit (ra) :

« L’or pour l’or, l’argent pour l’argent, le blé pour le blé, l’orge pour l’orge, les dattes pour les dattes, le sel pour le sel, de semblable à semblable, en nombres égales et de main à main. Et si ces types sont différents, dans ce cas, vendez comme il vous plait de main à main. »

Suite à l’évocation spécifique de la part du Messager (SAAWS), des 6 commodités particulières, les savants ont divergé si le Riba dans le contrat de bay’ (ou salam) se produit uniquement avec ces 6 commodités (l’or, l’argent, le blé, l’orge, les dattes et le sel) ou d’autres aussi. La divergence persiste dans la question de savoir si la prohibition repose sur une ‘illah (causse effective), ce qui dés lors permet l’analogie entre ces commodités (dans le hadith) et d’autres. Les savants divergent donc au niveau de l’existence ou de l’absence de ‘illah et ce sur quoi cette ‘illah a attrait. Les détails de ces divergences sont en dehors du sujet de cet article et ne seront pas présenté ici.

Quant au riba al-nasi’ah, il concerne plus le contrat de prêt (qardh) et le contrat à terme (salam), car ces contrats impliquent un élément de période de temps. Quelconque avantage acquis suite au délai de temps est de l’usure et est par conséquent prohibé. Avec le contrat à terme (salam), ceci se produit lorsqu’un article est vendu sur base d’un paiement différé, sur une période de temps agréée (entre les parties). En cas d’inhabilité de payer, une prolongation est proposée en retour d’une hausse dans le montant dû. Par exemple, Zaid vend une voiture a Khalid pour 5.000 Euros et il est d’accord de donner un délai de paiement a Khalid de 3 mois. A la fin de ce délai, il s’avère que Khalid ne parvient qu’à payer un partie du montant total et donc Zaid prolonge le délai de deux mois, mais il hausse le prix à 5.500 Euro. Les 500 Euros en plus sont de l’usure (Riba).

Quant au prêt, l’usure n’y est pas restreinte à des choses particulières. Car il survient dans le prêt, pour n’importe quelle commodité où une partie s’acquiert un avantage au-dessus de montant prêté agrée. Donc tout paiement supplémentaire sur un prêt est considéré Riba et est prohibé, peu importe la partie qui fait le paiement (créancier ou débiteur). Par exemple, Zaid prête 1000 euro à Khalid qui est d’accord de lui rendre 1.100 Euros sur un délai de cinq mois. Ou bien, il est d’accord de payer 1.000 Euros mais le montant est haussé plus tard en accordant un délai prolongé. Dans les deux cas, les 100 Euros en plus sont de l’usure.

La prescription divine sur l’usure (Riba) est l’interdiction par le texte définitif du Coran, par la Sounna, et par le consensus des compagnons (qu’Allah soit satisfait de eux). Allah (SWT) dit :
« Et Allah a rendu licite le commerce et il a rendu illicite l’usure » (Voir Coran 2/275)

Il fait aussi partie des grands pêchés de l’islam. Allah ne déclare pas la guerre a quelconque pécheur dans le coran, excepté celui qui prend part à l’usure (Voir Coran 2/279). Ceci démontre la sévérité du pêché. En plus, celui qui déclare Riba comme licite (Halal) a commis la mécréance (Koufr), par sa rejection de ce qui est connu de notre Dine par nécessité. Quant à celui qui accepte que c’est interdit (Haram) mais qui s’y engage en prenant ou en donnant de l’usure, il est toujours musulman mais il commet un pêché majeure. La gravité de ce pêché est illustrée dans ce hadith qui fut rapporté par l’Imam Mouslim, d’après Jabir Ibn Abdullah (RA.) que :

« Le Messager d’Allah a maudit celui qui s’engage dans l’usure, celui qui le donne, celui qui l’écrit, et celui qui y témoigne et il dit « ils sont tous égaux » ».

En tenant compte de ceci, il doit être clair que le Riba, dans toutes ses formes est Haram et le musulman doit s’en abstenir. Malgré cette réalité, certains musulmans, et mêmes certains savants, ont tentés de trouver des excuses afin de rendre le Riba licite dans certains cas. Ceci peut être compréhensible vu la dépendance inhérente et l’influence vaste de l’usure dans les économies capitalistes qui a la main mise sur le monde à présent. Dans cette réalité qui prévaut, il est difficile d’acheter une maison, de commencer ou tenir un commerce plein de succès, faire des investissements profitables sans l’utilisation de contrats qui impliquent l’usure. Cependant ce n’est pas une raison pour rabaisser la norme provenant de la Charia. Nul Homme n’a le droit d’altérer le jugement d’Allah !

Dans ce qui suit, nous allons examiner certaines des raisons présentées pour suggérer que le Riba est Halal dans certains cas. Aucune d’entre elles n’est réellement valide.

Certains disent que le Riba n’est pas l’usure, c’est-à-dire un niveau élevé ou exorbitant d’intérêt. Selon eux, les montants peu élevé d’intérêts ne sont pas du Riba. Ils apportent comme preuve, le verset Âl-i ‘IImran 130
« Ô vous qui avez cru, ne consommez pas le Riba, doublé et multiplié, et craignez Allah afin que vous puissiez avoir du succès. »

Ils prétendent qu’Allah interdit de consommer le Riba doublé et multiplié. Ce qui montre que ce qui est sous-entendu est le niveau élevé de l’intérêt. Cependant ceci est une mauvaise représentation du texte, car comme les savants l’ont expliqué, la description « doublé et multiplié » n’est pas un qualificatif pour la prohibition mais uniquement une description de ce qui était la pratique en vigueur des gens qui s’engage dans le Riba à cette époque. Les négociateurs donnaient des prêts sur intérêt et lors du remboursement ils étaient durs avec l’endetté. Ils augmentaient l’intérêt pour donner plus de délai, et ce, pas qu’une fois mais a de multiple reprises. La description dans ce verset était donc pour condamner cette pratique en particulier, et non pas pour qualifier cette prohibition.

Il y a dans la jurisprudence, le principe en islam qui stipule que les « nécessités rendent permissibles les interdits » (al-dharuraat tubeehu al-mahdhuraat). En d’autres termes, une situation de nécessité (dharura) rend ce qui était Haram, Halal et ce, uniquement pour cette situation-là. Par exemple si quelqu’un meurt de famine et il ne trouve que du porc à manger, alors manger du porc, qui est Haram a l’origine, devient Halal. Certains utilisent ce principe proclamant que posséder une maison est une nécessité. Il en est d’autant pour le succès dans son commerce. Ceci permettrait à la communauté musulmane de progresser et donc le Riba serait permis dans certains cas limités (es : l’achat de la première maison).

En vérité ceci est un abus du principe. Car la nécessité à laquelle il est fait référence, est la nécessité sinistre : une situation qui mène soit à la mort, soit à subir des répercussions similairement extrêmes. Comme il fut dit :
« La nécessité qui permet les prêt à usure est la même nécessité qui permet de se nourrir de la viande d’un cadavre, de porc etc. Dans ces cas, le nécessiteux est exposé à succomber à la famine, à la nudité ou à perdre l’hébergement. Tel est donc la nécessité, qui rend l’illicite licite »

Il n’est donc pas permissible de s’engager dans un prêt sur usure pour l’achat d’une maison, première ou dernière, sauf si quelqu’un est confronté à une situation de nécessité extrême, et non pas n’importe quelle nécessité.

Il y a aussi eu quelques fatwas de savants contemporains qui proclament que l’intérêt émises par les banques n’est pas du Riba. Cette proclamation provient de la Comission des Recherches de l’Université de Al-Azhar (Majma’ al-buhooth al-Azhar) en 2002. Cependant cette question de riba n’est pas un sujet ouvert au ijtihad (effort intellectuel) où les divergences d’opinions sont permises. Le texte est clair et donc une fatwa à ce sujet doit être rejetée directement. Dans ce cas particulier de al-Azhar, c’est un fait connu que dans ces temps modernes, l’intervention du gouvernement en mandatant des positions a diminué le grand statut de l’université. De nombreuses fatwa inacceptables en ont découlés. Par ailleurs, la question des intérêts bancaires fut définitivement jugé Haram par cette même institution, par des grands savants comme le Cheikh Abu Zahra et le Cheikh Mustafa Zarqa. La commission à présent fait défaut de ces calibres, mais aussi, l’influence du gouvernement est apparente.

Fondamentalement, comme le mufti Taqi Uthmani a dit, l’élément déterminant dans la Chari’a est toujours la preuve du Coran et de la Sounna et non pas l’opinion individuel formulé par certains savants.

Nous pouvons conclure avec la parole rapportée par Omar (RA) :
« Que personne ne s’engage dans le commerce sur nos marchés à l’exception de celui qui connait le fiqh du commerce, sinon il tombera dans le Riba ».

Il est extrêmement important pour chacun qui souhaite s’engager dans le commerce, d’étudier les prescriptions relatives au commerce et aux contrats en islam. En particulier les prescriptions de Riba. Sinon tomber dans le pêché est bien possible, même sans le savoir, et l’ignorance n’est pas une excuse dans ces questions. La même chose s’applique à ceux qui pourraient s’engager dans le commerce mais qui souhaite prendre un prêt ou faire des investissements etc. Vivre sous un système non-islamique, qui fait couler le Riba dans ses veines économiques, rend d’autant important pour nous, musulmans, d’être vigilant afin de nous protéger et de remplir nos obligations face à Allah, l’Exalté.

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