L’irrationalité de la tendance néo-maqasid: la séparation de la loi de ses objectifs

1969
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La tentative de la sécularisation de l’islam prend de multiples formes : une volonté de reconfigurer l’islam en accordance avec les préceptes du sécularisme existe.  C’est-à dire que le temporel se voit donné de la primauté sur le « sacré »/ la révélation.  Ainsi, ‘’un islam’’ peut  jouer un rôle dans les affaires publiques toutefois la société restera, essentiellement, une société séculaire.

Un des chemins par lequel ce processus (la sécularisation de l’islam) prend  place est le mécanisme  subtile via lequel la loi islamique (c.-à-d. l’ensemble des normes légales/ du système qui régulent nos relations) est réduite et transformée sous la forme exclusive d’éthique/valeurs/principes et objectifs/maqasid. Ce qui mène vers une ‘’abstraction ‘’ de l’islam et en conséquence  la manifestation pratique de l’islam devient purement symbolique. L’idée voulant que l’islam s’exprime avant tout et essentiellement par un ensemble d’éthique et d’objectifs est erronée. Ce a deux niveau; de la perspective légal islamique et de la perspective rationnelle. Pour l’instant, contentons-nous d’élucider la dernière des deux perspectives, pour ainsi démontrer la superficialité de ce mode de pensée.

  • Un regard rapide sur l’histoire de l’Homme, des sociétés et de la politique nous démontre que nulle société n’est uniquement et purement basée sur l’éthique. Dans toute société, les principes/les valeurs/l’éthique sont traduits en un ensemble de lois/prescriptions explicites. Exprimé de façon la plus simple qui soit, les humains ont besoins de loi. Même les philosophes et penseurs des lumières, qui avait ‘’foi’’ en l’existence d’une raison universelle et de principes universelles (auxquelles toute Homme peut se conformer), ont reconnus la nécessité de la ‘loi’. Nous avons besoins de loi puisque nous sommes des êtres sociaux lié à une toile de relations et plus important encore notre raison est condamné à la subjectivité. Nous pouvons d’ailleurs percevoir la façon dont ‘’les religions’’ et leurs adeptes ayant épousé un ensemble abstrait d’éthique/de principes tout en étant dépourvus de systèmes/lois  se retrouvèrent dans l’obligation d’adopter des systèmes provenant de sources extérieurs (ex. : les chrétiens et leurs adoption des lois romaines). De manières similaire, ceux qui ont une compréhension de l’islam reposant sur un ensemble éthique/de valeurs/de principes importent continuellement de l’extérieure des systèmes/ordre de gouvernance politique. Et ce en dépit du fait que ces mêmes systèmes/ordre politique sont l’expression pratique de l’éthique/principes exogène.
  • Alasdair MacIntyre qui mis en avant le questionnement suivant resté fameux ‘’Whose justice ?, Which rationality ?’’ (quelle justice ?, quelle rationalité ?) Qui est également le titre de son ouvrage où il critique l’idée qui veut qu’un certain nombre de valeurs comme par exemple le concept de ‘’justice’’ sont universelles et uniforme (a travers toutes les sociétés et cultures confondues). Supposons que nous sommes amenées à demander à un marxiste et un adepte du libéralisme ce que la ‘’justice’’ signifie, à la fois sur le plan théorique et politique. Nous pouvons imaginez que les réponses soient radicalement différentes puisque les valeurs, les objectifs/maqasid, l’éthique  et les principes ne peuvent être comprises (et leurs réalisations dans la sphère politico-économique et social) indépendamment  (1) d’une préexistante vision du monde  et (2) d’un cadre légal. Par conséquent, l’idée que l’islam est un ensemble ‘’éthique’’ qui précèdent le char’i/ le juridique est au minimum entaché de superficialité.

L’islam, étant conforme à la nature de l’Homme, traite cette réalité (la nature sociétal que revêt l’Homme  et son besoins de la ‘loi’) en fournissant à l’Homme un système complet qui émane de sa vision du monde (‘Aqieda). Ce n’est que lorsque ces systèmes sont pleinement mises en œuvre, que les objectifs/maqasid, l’éthique de l’islam trouvent leurs pleine expression. C’est l’une des nombreuses caractéristiques qui distinguent la ‘Aqieda islamique d’autres visions du monde jahilis.

Ali Harfouch

Traduction effectuée par : Muhammad Yâsin

Ali Harfouch est un jeune penseur libanais résidant à Beyrouth. Il a effectué des études de philosophie politique à l’Université Américaine de Beyrouth (AUB). Membre du Hizb ut-Tahrir, Ali est également conférencier pour Muslim Debate Initiative. Il publie ses analyses politiques, philosophiques et sur la pensée islamique dans différentes plateformes, à l’instar de : RevolutionObserver, NewCivilisation, 5pillars ou encore khilafah.com.

 

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