Qui va résoudre la crise mondiale des réfugiés?

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Depuis près d’une décennie, les Rohingyas, la minorité musulmane de la République de l’Union du Myanmar (la Birmanie), qui peuple la région de l’État de Rakhine, souffrent de discrimination et d’attaques organisées avec la complicité de la junte militaire en place. La junte ne reconnaît même pas les musulmans Rohingyas [1]. En 1981, une loi sur la citoyenneté les a déclarés apatrides en ne les plaçant pas sur la liste des 135 ethnies répertoriées officiellement. Pourtant, leur légitimité est incontestable, La présence dans la région des musulmans Rohingyas date entre 1580 et 1670. Les Rohingyas considérés par l’ONU comme une des minorités les plus persécutées au monde [2], Le rapport de l’ONU fait état d’exactions de toutes sortes, viols collectifs, meurtres, tortures, détentions arbitraires. Depuis avril 2013, des moines bouddhistes avec l’aide des nationalistes arakanais bouddhistes ont commencé une nouvelle vague de violences sans précèdent envers les musulmans[3]. Les Rohingyas sont terrorisés et stigmatisés comme des immigrants illégaux du Bengale. Nombreux ont fui leurs maisons pour des camps de réfugiés proches du Bangladesh et des milliers sont reclus dans des quartiers en périphérie des villes sous des tentes de fortune ou des abris de paille. Les quartiers sont entourés de fils de fer barbelés, toutes les issues sont gardées par la police et l’armée avec interdiction de sortir sous le prétexte « pour de leur sécurité ». Ils survivent dans des prisons à ciel ouvert.

En Mai 2015, des refugiés Rohingyas ont tenté d’atteindre la Malaisie. Le ministre des affaires intérieure malaisien, Wan Junaidi Tuanku Jaafar, insista pour qu’ils s’en retournent dans leur propre pays [4]. Le Bangladesh a déjà fermé ses frontières avec le Myanmar, des milliers de Rohingya ont pris refuge dans les villages frontaliers. Dans une interview de 2012, Hasina Wajed, la première ministre du Bangladesh, avait déclaré que ce n’est pas la responsabilité de son pays d’aider les réfugiés. Plus récemment, le ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, Abul Hasan Mahmood Ali, déclara en décembre 2016 : «Nous essayons de résoudre ce problème par plusieurs façons en engagent des organisations internationales » [5]. En d’autres mots, nous ne prenons pas de responsabilité, c’est quelqu’un d’autre qui doit s’en occuper.

La complicité des Etats unies

Après l’abandon des réfugiés rohingya, par les pays musulmans voisins, aux mains de leur bourreaux birman ; suivi l’indifférence de l’administration américaine à leur détresse. En octobre 2016, Les États-Unis ont fait l’éloge de la junte birman pour les progrès qu’elle avait faits avec comme seule critique les arrestations et les emprisonnements arbitraires du régime. Et malgré, la richesse des éléments de preuve qui accable la junte sur le «nettoyage ethnique» des musulmans, comme les milliers de corps qui gisent dans des fosses communes. Les États-Unis ont amélioré leurs relations avec la Junte du Myanmar conduisant à la levée des sanctions. On peut comprends par là que les États-Unis ont donné une acceptation tacite du traitement des Rohingyas, ainsi que leur soutien à Aung San Suu Kyi.

Refugiés – une perspective global

La question des réfugiés ne se limite pas à un pays ou une région particulière, mais est un problème mondial. Alors qu’il est au-delà de la compétence de cet article d’énumérer les causes de pourquoi tant de gens sont devenus réfugiés, les statistiques sur le nombre de réfugiés sont actuellement énormes. Il y a 65 millions de personnes déplacées à l’échelle mondiale, 21 millions à l’extérieur de leur pays, 34 000 personnes deviennent des réfugiés chaque jour et l’attente typique dans un camp de réfugiés est d’une durée de 17 ans.

Il faut savoir que 54% des réfugiés dans le monde viennent de trois pays du monde musulman : la Syrie (4,9 millions), l’Afghanistan (2,7 millions) et la Somalie (1,1 millions). À la fin de l’année 2015, la Syrie était le pays d’origine le plus important des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Les chiffres ne commencent pas à aborder le bilan physique et émotionnel sur ces personnes, car ils sont forcés de fuir leurs maisons, leurs familles et leurs terres avec seulement ce qu’ils peuvent emporter avec eux souvent accompagnés d’enfants.

Le monde a échoué par rapport aux réfugiés

La réponse des Nations Unies contre le sort des réfugiés à travers le monde a été un échec total. Dès 1951, avec sa «Convention relative au statut des réfugiés», il s’est avéré que ce n’était qu’un glorieux magasin de discussions, de rhétorique et de promesses, sans aucun mécanisme réel permettant aux pays et aux gouvernements d’accepter des réfugiés ou même de partager les coûts associés aux millions de déplacés.

L’inutilité de l’ONU est à un point tel que même les auteurs de la violence contre les Rohingyas n’ont eu aucun scrupule à demander de se pencher sur ces questions en sachant pertinemment que rien de significatif ne viendra de là. À la demande d’Aung San Suu Kyi, Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU, préside une commission consultative sur l’État de Rakhine, concernant les atrocités commises contre les Rohingyas. Ils sont chargés de mettre fin à la violence et de «promouvoir la paix».

Lors du dernier Sommet des Nations Unies sur les réfugiés, en septembre 2016, le haut-Commissaire des Nations Unies, Zeid Ra’ad al-Hussein, a été contraint de concéder :

« La vérité amère est, que ce sommet a été appelé parce que nous avons largement échoué. À défaut de la longue souffrance du peuple Syrien … on a échoué dans d’autres zones de conflit chronique pour la même raison. A défaut de millions de migrants qui méritent bien plus que des vies marquées par l’indignité et le désespoir du berceau à la tombe »

Fidèle à la forme, ce dernier sommet a également déclaré une nouvelle intention pour les États nationaux de négocier d’ici 2018 des nouvelles méthodes de traitement des réfugiés et de transfert sûr et ordonné des migrants. Et évidemment, elle échouera aussi parce que, comme toutes les déclarations antérieures des Nations Unies sur les réfugiés, elles restent sans obligation d’engagement pour les gouvernements individuels et peuvent donc facilement être ignorées si elles ne sont pas jugées dans l’intérêt national.

L’abandon des engagements en faveur des réfugiés a été tragiquement observé en Europe au cours des dernières années en réponse aux milliers de personnes déplacées de la Syrie. Les États européens ont fermé leurs frontières, détenu des réfugiés dans des camps de détention, divisé par la force des familles et humilié les plus opprimés en les traitant comme des criminels, en prennent leurs empreintes digitales et en les fichants.

Le mauvais traitement et l’abus des réfugiés dans le monde occidental ne sont pas des phénomènes nouveaux. Au cours des 20 dernières années, de nombreux rapports montrent comment les États industrialisés ont introduit un barrage politique et des pratiques restrictives ciblant les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants. Avant même que le Brexit et Donald Trump soient à la mode, les représentations négatives et inexactes dans les médias, ainsi que la rhétorique incendiaire et xénophobe des politiciens et des fonctionnaires a contribué à un climat d’hostilité envers ces groupes. Il y a eu une augmentation alarmante de la violence contre les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants dans de nombreux pays, de sorte que l’Occident a perdu toute crédibilité à la fois par ses valeurs et son comportement envers les plus démunis.

Réfugiés – laissés aux organismes de bienfaisance et aux organismes d’aide

L’échec des organes internationaux et des États nationaux dans le traitement de la crise mondiale de réfugiés a renforcé le rôle des organisations non gouvernementales (ONG) et des groupes d’aide humanitaire. Toutefois, la charité comme unique solution ne peut pas résoudre la question des réfugiés. Au mieux, elle peut apporter une solution temporaire pour soulager une partie leur souffrance.

En dépit de leurs bonnes intentions, les ONG et les organismes de bienfaisance sont très limités dans leurs finances, leur portée et ainsi que leur capacité à aider les réfugiés. On sait que les ONG [6] et les associations caritatives [7] peuvent être utilisés comme des sociétés de façade pour servir d’autres intérêts, ce qui met en cause la priorité des réfugiés. En outre, ils sont également affectés par le climat politique dans lequel ils opèrent et les relations avec et entre les États nationaux. Si un gouvernement impose des sanctions ou restreint les mouvements de groupes et d’organisations, les ONG et les associations caritatives sont affaiblis dans leurs efforts. S’il y a des zones militarisées ou des barrières physiques qui entravent le travail humanitaire, elles seront également inefficaces avec le risque supplémentaire qu’un autre État puisse distribuer de l’aide et déplacer des civils à des fins politiques ou de propagande.

Le capitalisme ne peut pas aider les réfugiés

L’ampleur de la crise des réfugiés dans le monde entier montre que le capitalisme et le point de vue capitaliste ne peuvent pas résoudre le sort des réfugiés. Un monde d’états-nations, poussé par l’intérêt personnel et le gain matériel, ne résoudra pas sérieusement la misère des personnes forcées de fuir leurs maisons en quête de refuge. Toute aide accordée, financière ou autres, a souvent des contraintes et des arrière-pensées. Sur le front intérieur, les politiciens et les gouvernements doivent expliquer au public le retour sur investissement des raisons pour lesquelles les contribuables financent des étrangers au détriment des questions intérieures. Les organismes internationaux sont paralysés en raison de la domination des grandes puissances qui dictent l’ordre du jour en fonction de leurs besoins. Il est temps d’avoir un autre regard sur la façon de résoudre le sort des réfugiés.

Islam – seul un État peut aider les réfugiés

Le concept islamique d’aide et d’aider ceux qui en ont besoin est totalement contraire au capitalisme. Mettre les Hommes avant le profit est vraiment altruiste. Un État comme Al Khilafah sur l’arène mondiale ne peut pas, et ne serait pas s’asseoir et regarder les réfugiés être rejetés d’un pays à l’autre.

Il y a beaucoup d’exemples de l’histoire d’Al Khilafah où l’État islamique a fourni l’asile pour les réfugiés :

  • Suite à l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, le Khalifa, Bayazid II, a ordonné un décret pour accepter les réfugiés dans l’Al Khilafah Ottoman, même en envoyant des navires en Espagne pour les recueillir. 250 000 réfugiés sont arrivés s’installer principalement à Istanbul et à Salonique.
  • Dans les années 1570, les chrétiens unitaires (qui ont nié la Trinité) ont fui la persécution de leurs frères chrétiens et ont reçu le sanctuaire dans les terres islamiques.
  • Après l’invasion russe de la Crimée en 1784 et du Caucase en 1864, les musulmans vivant dans ces régions sont arrivés en Anatolie par voie maritime. Ils ont été installés dans les villages et les villes disponibles.
  • Au XVIIIe siècle, les russes cosaques s’enfuirent vers l’État du khilafah Ottoman en raison de persécutions de la part de l’Église orthodoxe résidant dans la ville de Balikesir.
  • Jusqu’à 200.000 Russes tsaristes ont été emmenés par bateau à Istanbul entre 1917-1921, s’étant opposés à la révolution bolchevique et fuyant la guerre civile subséquente. Ils ont d’abord été installés dans des camps de réfugiés avant d’être transférés dans des maisons et des bâtiments permanents.

L’historien Stanford Shaw a écrit « Juifs, Turcs et Ottomans : du XVe au XXe siècle » que «L’Empire ottoman a fourni pendant des siècles un refuge sûr aux réfugiés juifs d’Europe. Les migrations à grande échelle des Juifs d’Espagne, du Portugal et d’autres pays européens aux XVe et XVIe siècles sont bien connues … Cependant, les mouvements de la population juive tardifs vers l’Empire ottoman sont moins connus. Pourtant, au fil des ans, de nombreux Juifs européens, individuellement ou en petits groupes, continuèrent à s’installer dans les territoires ottomans pour des raisons politiques, économiques ou religieuses. Au dix-neuvième et au début du vingtième siècle, l’afflux de réfugiés juifs dans les pays ottomans rétrécissants a augmenté. »

La générosité du Khilafah Ottoman à l’époque de la Grande Famine d’Irlande en 1845 est bien documentée [8]. En aidant d’autres, le Khilafah, Abdul Majid 1, a décrit la réponse islamique avec ses mots :

« Je suis obligé par ma religion d’observer les lois de l’hospitalité »

Les musulmans ont déjà un concept bien établi de la charité désintéressée sans aucun gain matériel (sadaqah). Ce qui est nécessaire à notre époque actuelle, c’est que cette mentalité soit élevée et appliquée au niveau politique et étatique, afin que les millions de réfugiés dans le monde d’aujourd’hui puissent être pris en charge et autorisés à s’installer dans les terres pour leur protection. Ce faisant, l’oumma ne fait pas seulement son devoir envers le reste de l’humanité, mais montre également au monde la justice et l’équité de l’Islam.

 


References

1.http://www.nytimes.com/2016/05/07/world/asia/myanmar-rohingya-aung-san-suu-kyi.html?_r=0

2.‘’Le Monde’’ du 13 décembre 2012 « Rohingya : les réfugiés de l’intérieur »

3.http://fr.euronews.com/2017/02/04/birmanie-persecutee-la-communaute-rohingyas-salue-un-rapport-des-nations-unies

4.https://www.theguardian.com/world/2015/may/13/malaysia-tells-thousands-of-rohingya-refugees-to-go-back-to-your-country

5.http://www.thedailystar.net/country/bangladesh-trying-resolve-rohingya-crisis-1325554

6.https://theintercept.com/2015/10/26/pentagon-missionary-spies-christian-ngo-front-for-north-korea-espionage/

7.https://www.philanthropy.com/article/Venezuelan-Politicians-Claim/211571

8.http://www.khilafah.com/how-the-khilafah-aided-the-irish-during-the-famine-of-1845/

 

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