Dangereux Concepts (4/5): Le fondamentalisme (al-oussouliyya)
Le terme « fondamentalisme » a fait son apparition pour la première fois en Europe, à la fin du 19ème siècle. Il fut utilisé pour désigner le positionnement de l’église envers les sciences et la philosophie modernes ainsi que l’adhésion stricte à la foi chrétienne. Le mouvement protestant est considéré comme étant à l’origine du fondamentalisme. Les principes fondamentaux furent rédigés lors de la ‘‘conférence de Niagara’’ (Niagara Bible Conference) en 1878 et au cours de la ‘‘Conférence Générale Presbytérienne’’ de 1910 où les principes de base du fondamentalisme ont été cristallisés. Ceux-ci étaient établis sur les principes de la foi chrétienne qui s’opposaient aux progrès scientifiques qui furent atteints par l’application de l’idéologie capitaliste fondée sur la séparation de la religion de la vie.
Bien que ce mouvement ait disparu avant la Seconde Guerre mondiale, l’idée que le fondamentalisme est un ennemi qui se dresse devant le progrès et la science était déjà bien établie dans l’esprit des Européens. Il était considéré comme un retard intellectuel qui serait incompatible avec le temps des lumières et l’Age de l’éveil. Il fallait le combattre afin que son impact sur la société et la vie soit complètement effacé.
Ainsi, le fondamentalisme en Europe a émergé en réponse au progrès scientifique et industriel, après que le christianisme ait été chassé de la vie. Et ce, en raison de l’incapacité du Christianisme à faire face aux nouveaux systèmes découlant du crédo capitaliste, un credo qui invite à la séparation du temporel et du spirituel. Cela a forcé les fidèles à la foi chrétienne à adopter une attitude à l’égard des différentes formes de progrès matériel et de la culture capitaliste. Cependant, ce mouvement «fondamentaliste» a échoué et finit par disparaître. Cela était dû à son incapacité à trouver des solutions pratiques aux problèmes de la vie et en raison des causes qui ont mené à son émergence. A savoir, la résistance à tout progrès scientifique, disciplines et idées qui ne correspondent pas aux articles de foi des Chrétiens.
En conséquence, certains mouvements chrétiens et juifs furent décrits comme fondamentalistes en Occident. C’est une référence aux mouvements religieux s’opposant aux progrès technologique, industriel et scientifique, qui furent occasionnés par l’application de l’idéologie capitaliste.
Aujourd’hui, cette description est souvent utilisée par les penseurs occidentaux, les politiciens et même par certains musulmans, pour désigner de nombreux mouvements islamiques et les musulmans qui y sont affiliés. Leur but est d’attaquer et de dénigrer grand nombre de musulmans, en créant une opinion publique internationale contre eux. Cette appellation, fondamentalisme, comporte en elle l’idée de déclin et la résistance contre le développement scientifique.
La simple description d’un groupe particulier comme fondamentaliste est considéré comme suffisant pour considérer un tel mouvement en tant qu’un danger pour la civilisation matérialiste moderne et pour la vie en société. Cela justifie de nouveau la mise en œuvre de mesures nécessaires pour y faire face, aussi drastique que possible. Si un état comme L’Egypte ou l’Algérie, exécute les musulmans en prétextant – d’après eux – que ce sont des fondamentalistes, aucune organisation des droits de l’homme ne se soulève contre ces mesures puisqu’ils sont des ‘’ fondamentalistes’’ après tout. Ils sont considérés comme ennemi de l’humanité, puisque les crimes les plus cruels leur sont attribués. Tel que le massacre massif d’innocent en Algérie et les assassinats de touristes et de coptes en Egypte.
L’étiquette de fondamentalisme comprend en elle tout mouvement ou parti qui œuvre en vue de changer la situation inhumaine des musulmans vers le mode de vie islamique, en œuvrant pour le retour du khilafah et la gouvernance par l’islam. Il comprend aussi tout mouvement qui résiste contre les agresseurs et les occupants des territoires occupés, tel que la résistance contre les juifs, les serbes, les américains et les autres. Ainsi, les moudjahids qui combattent les ennemis occupant leurs terres sont étiquetés comme fondamentalistes et terroristes. Ceux qui meurent en martyrs en combattant les agressions étrangères, sont considérés comme des suicidaires et des criminels.
Cette description est dangereuse pour tout musulman et tout mouvement qui combat l’injustice et l’occupation. C’est dangereux pour tout parti qui œuvre en suivant la méthodologie de la charia pour la réinstauration du mode de vie islamique. Car l’objectif derrière cette définition est l’élaboration de politiques et de mesures afin d’empêcher toute personne qui travaille pour la régénération de l’islam dans leur vie. Ceci, sous prétexte que l’islam est un mouvement fondamentaliste, tout comme l’étaient les mouvements fondamentalistes juifs et chrétiens qui combattirent contre le progrès scientifique au cours de l’émergence du capitalisme. Le choix de ce terme est du pain béni pour stigmatiser les mouvements islamiques, puisqu’il traine avec lui tout un contexte historique marquant pour l’opinion publique en Occident. De la sorte, il est possible de rallier les populations occidentales derrière leurs dirigeants dans leur lutte contre le retour de l’islam politique sous forme d’un état et d’un système de vie.
Il ne doit pas venir à l’esprit une confusion terminologique que la description des mouvements islamiques comme étant fondamentalistes découle de leur liaison avec les fondements de leur dîne (Usul al Dîne) ou les fondements de la jurisprudence (Usul al-fiqh). Les fondements de la foi islamique (Aqieda) est la croyance en Allah, Ses anges, aux Livres, aux messagers, au jour du jugement et al Qadar. Les fondements du droit se définissent, dans la terminologie juridique islamique, comme étant la science qui traite des règles et des recherches au moyen desquelles on arrive à déduire les prescriptions légales pratiques de la chari’a à partir des preuves détaillées.
Le fondamentalisme, selon la terminologie occidentale, qui regroupe le mouvement chrétien protestant autour de sa raison de fondation, n’a pas de lien avec les concepts islamiques et les mouvements islamiques, ni dans le présent ni dans le passé. Au cours de l’histoire islamique, mouvements politiques, des écoles intellectuelles et des écoles de jurisprudence ont émergé. Cependant, ils ne ressemblaient nullement aux mouvements chrétiens fondamentalistes. Même ceux qui ont appelé à clôturer les portes de l’ijtihad au septième siècle après l’Hégire n’y ressemblaient aucunement. Ceux-ci étaient désireux de préserver l’héritage des anciens et rejeter le nouveau. Ils pensaient que le fiqh islamique qui a été produit par les prédécesseurs (Salaf) était exhaustif et traitaient de tous les sujets que pouvaient faire face les savants qui suivrait (khalaf). L’islam est un dîne unique qui est différent des autres religions. Il est le dernier des messages qui abroge les religions qui lui ont précédé. Allah (Exalté) a pris la responsabilité de le préserver, puisqu’il est valide jusqu’au jour du jugement. Il (Exalté) a dit :
إِنَّا نَحْنُ نَزَّلْنَا الذِّكْرَ وَإِنَّا لَهُ لَحَافِظُونَا
‘’En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien’’ (Sourate 15 verset 9) C’est une idéologie complète qui englobe tout, elle est fondée sur une doctrine lucide et d’où découle un système complet qui ordonne toutes les affaires humaines jusqu’au jour du jugement. Cette idéologie dispose d’un ensemble complet de prescriptions capables de résoudre tous les problèmes que rencontre l’Homme durant son existence. Allah Exalté a dit :
وَنَزَّلۡنَا عَلَيۡكَ ٱلۡكِتَـٰبَ تِبۡيَـٰنً۬ا لِّكُلِّ شَىۡءٍ۬
Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose (Sourate16 verset 89)
Les progrès scientifique et industriel dans le monde musulman qui furent atteints dans le passé n’étaient autres que le résultat de la mise en œuvre de l’Islam et non pas la séparation de l’Islam et de la vie. Une grande partie des progrès scientifique et industriel que connaît le monde d’aujourd’hui est dû à ces chercheurs musulmans qui ont exposé de nombreuses théories et lois fondamentales à l’ombre de la vie islamique et de l’Etat islamique.
Par conséquent, décrire l’islam et les mouvements islamiques comme fondamentalistes, de la même manière que les mouvements chrétiens ont été décrits, est erroné et une description biaisée. Cela ne s’applique pas à la réalité de l’islam, ni à quiconque travaillant pour le retour de l’islam dans la vie.
Car ils cherchent à changer la misérable réalité dans laquelle les musulmans vivent, causée par les systèmes créés par l’Homme. Ce travail est différent du travail des mouvements fondamentalistes chrétiens, qui sont venus pour préserver la façon de vivre des chrétiens préexistante au capitalisme.
La description de l’Occident, des mouvements islamiques en tant que fondamentaliste, n’est qu’une guerre contre le retour de l’islam en tant que système complet. C’est une question stratégique, voire vitale pour l’Occident. Ils ont l’intention de garder leur mainmise sur le tiers monde, en particulier garder le monde musulman dans une position défavorisée loin de tout véritable renouveau. C’est pour empêcher le rétablissement du Khilafah qui déracinera leur système et mettra fin à leurs ambitions et convoitises.
Un chercheur invité à l’Université de Harvard pour les études du Moyen-Orient a soumis un rapport au Congrès des États-Unis dans lequel il a déclaré: « La vision des fondamentalistes est que la charia devrait être appliquée dans tous ses détails et que les obligations et les interdictions de Dieu doivent être mises en œuvre dans leur entièreté, et que cela concerne tous les musulmans. L’islam est la source fondamentale de leur force et la charia est apte à être utilisée aujourd’hui car elle fut appropriée pour une application dans le passé.’’ Il a également affirmé: «Les fondamentalistes détestent profondément la civilisation occidentale, ils la considèrent comme le plus grand obstacle face à l’application du droit islamique». Le professeur Américain John Esposito, déclara, lui aussi, dans un rapport destiné au Congrès Américain ce qui suit : «Ceux qui menacent les intérêts américains sont les fondamentalistes musulmans. » Ainsi, le fondamentalisme, attaqué par les Kuffars, est le retour de la charia islamique. Si cela est un fondamentalisme, selon leurs définitions, tous les musulmans sont des fondamentalistes. Car c’est avec envie et zèle que les musulmans attendent l’application totale de toutes les règles islamiques sous l’ombre du Khilafah, pour délivrer le monde de la misère du capitalisme et les conduire vers la justice et la gloire de l’islam.
يُرِيدُونَ لِيُطْفِؤُوا نُورَ اللَّهِ بِأَفْوَاهِهِمْ وَاللَّهُ مُتِمُّ نُورِهِ وَلَوْ كَرِهَ الْكَافرُونَ
‘’Ils veulent éteindre de leurs bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l’aversion des mécréants’’ (Sourate 61 verset 8)
Traduction d’un extrait de l’ouvrage ‘Dangereux Concepts – afin d’attaquer l’Islam et de consolider la civilisation occidentale’ publié en 1998 par Hizb-ut-Tahrir