DANGEREUX CONCEPTS (3/5) : La modération (alwasatiyya)

1934
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L’apparition du terme wasatiyya (modération) parmi les musulmans, dans son acception actuelle,  est chose récente. C’est un terme qui est étranger à l’islam et dont l’origine se trouve auprès de l’Occident et de son  idéologie capitaliste. Une idéologie dont le crédo est fondé sur une solution médiane. Cette solution médiane/de compromis a été adoptée suite aux luttes intestines, notamment matérielles qui opposèrent l’église ainsi que ses partisans d’un côté, et la nouvelle variété de penseurs occidentaux de l’autre. Les uns considéraient le christianisme apte à gérer les  questions de la vie quotidienne, les autres rejetaient  le christianisme puisqu’ils  le considéraient comme la cause de la décadence et du retard. Selon ces derniers, seule la raison était capable de développer un système afin d’organiser la vie humaine.

Après un conflit dur entre ces deux groupes, ils se sont mis d’accord sur un compromis. La religion a été reconnue uniquement comme « la relation entre l’individu et son Créateur », à condition qu’elle n’ait aucune influence sur l’Etat et  la vie. Gérer  les problèmes de la vie quotidienne devait être délaissé à l’Homme lui-même. De la sorte, ils ont adopté comme fondement de leur crédo idéologique, l’idée de séparation du religieux  de la vie (le sécularisme). C’est de ce crédo que  découle le système capitaliste, sur lequel se fonde et se sont développé les nations occidentales qui  ont commencé à propager cette idéologie aux autres par le biais de la colonisation.

L’effet de cette solution de compromis fut proéminent dans tous les aspects de la législation et du comportement des partisans de l’idéologie capitaliste, en particulier dans les questions politiques. La question autour  de la Palestine figure comme un  exemple des plus révélateurs. Les musulmans considèrent la Palestine comme une terre qui leur appartient. En même temps, les Juifs affirment que cette terre dans son entièreté est la Terre Sainte qui leur a été promise par Dieu. En 1947,  les nations occidentales capitalistes ont proposé une solution. Cette solution n’était autre que la partition de la Palestine en deux états distincts – un état pour les Juifs et un pour les musulmans. Cette idée de partition a, depuis, été utilisée par les nations capitalistes pour solutionner de nombreux problèmes au niveau international, comme au Cachemire, en Bosnie et en Chypre, etc.

En  conséquence, la politique des nations capitalistes se fonde sur le mensonge et la duperie. La vérité n’est pas une chose qui est recherchée, une partie de celle-ci est suffisante, qu’elle soit proche ou très loin de la vérité. Les parties n’atteindront pas leurs objectifs qu’elles se sont fixés initialement, mais chercheront un compromis approuvé par les deux parties. Et cela sans considération pour obtenir une solution correcte. La solution dépend de la force ou la faiblesse d’une partie. Ainsi, la partie forte peut s’approprier ce qu’elle souhaite, et la faible recule en concédant ce qu’elle ne peut atteindre.

Au lieu de critiquer l’idée de compromis et la solution médiane, en démontrant son inexactitude et sa duperie, certains musulmans l’approuvent et la considèrent comme partie intégrante de l’Islam. Ils affirment même que l’islam se  fonde sur elle. Ainsi l’islam est placé dans un axe médian entre : spiritualité et  matérialisme, individualisme et collectivisme, réalisme et idéalisme et entre la continuité et le changement. « Il n’y a aucun excès ou déficience, ni exagération ou négligence », dit-on des fois.

Pour étayer leur argumentation, ils affirment qu’en Islam toute chose a deux extrémités, et dispose d’un milieu. Le milieu est la zone de sécurité, alors que les deux extrémités sont soumises au danger et à la corruption. Le milieu est le centre de force et le terrain d’équilibre entre les deux extrêmes. Puisque le point du milieu et le compromis partage cette caractéristique, il n’est pas surprenant que le compromis peut être retrouvé dans tous les aspects de l’Islam. Ainsi, l’islam est au milieu de la foi et de l’adoration, la législation et la morale, etc.

Par la suite, ils ont interprété certains textes légaux en lien avec la réalité dans une logique dénaturée. Ils en déformèrent le sens et  subjuguèrent les textes à leur nouvelle compréhension afin qu’ils concordent avec leur jugement nouvellement adopté. Comme preuve ils ont mis en avant le verset suivant:

وَكَذَٲلِكَ جَعَلۡنَـٰكُمۡ أُمَّةً۬ وَسَطً۬ا لِّتَڪُونُواْ شُہَدَآءَ عَلَى ٱلنَّاسِ وَيَكُونَ ٱلرَّسُولُ عَلَيۡكُمۡ شَهِيدً۬ا‌ۗ

« C’est ainsi que Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins à charge de l’humanité, tout comme le Messager sera témoin à votre charge. » (s. 2, v. 143)

Le wasatiyya de l’oumma est dérivé de la wasatiyya dans leur minhaaj (méthode) et système. Ainsi, un sentier du milieu dans lequel ne se manifestent pas l’exagération des Juifs et la négligence des chrétiens. Ils affirmèrent que le mot « milieu » (Wasat / وَسَط) signifie la justice, et la justice – selon eux – était le milieu de deux côtés en conflits. Ainsi ils ont donné à la justice, le sens de la réconciliation afin d’asservir l’idée de compromis. Alors qu’en réalité, la signification correcte de ce verset est que l’oumma islamique est une oumma de justice. La justice étant l’une des conditions pour pouvoir  témoigner en islam. Cette Oumma sera un témoin pour les autres nations parce qu’elle leur prêche l’islam. Bien que le verset soit venu sous la forme d’une notification (sighat al-ikhbaar), cela est considéré comme un ordre d’Allah ﷻ à l’oumma islamique de proclamer le message de l’islam aux autres nations. S’ils ne le font pas, ils seront dans le péché. L’oumma est le témoin de toutes les autres nations, comme le Messager ﷺ  est témoin pour eux: « … et afin que le Messager sera témoin de vous », c’est-à-dire  par sa  prédication de l’islam à l’oumma et sa demande à l’oumma de le propager à l’humanité toute entière.
« … que le présent transmette ce message à l’absent »

Les chantres de la wasatiyya utilisèrent aussi le verset suivant d’Allah comme preuve :

وَٱلَّذِينَ إِذَآ أَنفَقُواْ لَمۡ يُسۡرِفُواْ وَلَمۡ يَقۡتُرُواْ وَڪَانَ بَيۡنَ ذَٲلِكَ قَوَامً۬ا

«Qui, lorsqu’ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu. » (s. 25, v. 67)

Ainsi, ils ont assigné à la dépense, deux extrêmes; l’excès (israaf), et la convoitise (taqtir), et ont désigné une position médiane: « la cohérence » (al qawwaam). Ceci est, à leur avis, la preuve de modération dans la dépense de l’argent. Ils n’ont pas compris le sens de ce verset, qui comprend en effet les trois types de dépenses: l’excès, l’avidité et la cohérence. La dépense excessive (israaf/ سراف الإ) indique la dépense dans le haram (l’illicite), que ce soit en petites ou grandes quantités. Si une personne dépense ne serait-ce qu’un petit centime pour l’achat d’alcool, pour les jeux de hasard ou dans la corruption, cela est considéré comme une dépense excessive (israaf) et par conséquent haraam. L’Avarice (taqtir/ التقتير) est l’abstinence de dépenser dans ce qui est waajib (obligatoire). Si une personne ne dépense pas un seul sou pour la Zakat (l’aumône purificatrice) portant sur son argent, ou si elle ne dépense pas pour les personnes dont elle a la charge, elle est considérée comme faisant preuve d’avarice et donc commet un haraam. La cohérence (qawwam/ القوام) est de dépenser selon les règles de la sharia, qu’il s’agit d’une grande quantité ou non. Ainsi, honorer son invité par l’immolation d’un mouton, poulet ou un chameau est une dépense cohérente. Cette dépense est halal (permise), car Allah ﷻ dit  «بَيْنَ ذَلِكَ  parmi ceux » dans le verset, ce qui indique qu’il existe trois types de dépenses: l’extravagance, la cupidité et la cohérence. Une seule de ces trois catégories est requise par la Shari’a, à savoir la cohérence.

Il n’y a pas, ici, l’idée de position intermédiaire ou une solution médiane en Islam. Allah ﷻ a créé l’Homme et Il est le parfait connaisseur de sa réalité, mieux que quiconque. Allah ﷻ est le Seul qui est en mesure d’organiser avec précision la vie de l’homme et personne d’autre ne peut le faire. Les règles sont déjà déterminées, il n’y a pas de position médiane ou de solution de compromis que l’on puisse retrouver dans les textes de l’islam. Au contraire, il y a de la précision, de la clarté et une distinction, qu’Allah ﷻ a déterminées comme Hudood (limites) en raison de la précision et de l’exactitude. Il ﷻ dit:

وَتِلۡكَ حُدُودُ ٱللَّهِ يُبَيِّنُہَا لِقَوۡمٍ۬ يَعۡلَمُونَ

«Telles sont les limites d’Allah, qu’Il décrète à l’usage des gens doués d’entendement. » S. 2, v. 230

وَمَن يَعۡصِ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُ ۥ وَيَتَعَدَّ حُدُودَهُ ۥ يُدۡخِلۡهُ نَارًا خَـٰلِدً۬ا فِيهَا وَلَهُ ۥ عَذَابٌ۬ مُّهِينٌ۬

«Celui qui, en revanche, désobéit à Dieu et à Son Prophète et qui transgresse Ses limites, Dieu le précipitera dans l’Enfer pour l’éternité, où un supplice avilissant lui sera infligé. » S. 4, v. 14

Où se trouve la position du milieu et la solution du compromis dans les déclarations du Messager d’Allah ﷺ auprès de son oncle Abu Talib quand son peuple lui a offert une position politique, de l’argent et un rang élevé afin de quitter l’islam? Il ﷺ répondit:

« Ô mon oncle ! Je jure par Allah que même s’ils mettaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour me faire renoncer à cette affaire, je n’y renoncerais jamais jusqu’à ce qu’Allah la fasse triompher ou que j’y perde la vie »

Et où est le compromis, où est la voie médiane dans sa déclaration face à la tribu de Bani Amir ibn Sa’sa quand ils ont affirmé leur souhait de régner après sa mort ﷺ en échange de leur Nussrah (soutient)? Il ﷺ dit:

« L’ordre appartient à Allah, Il la donne à qui Il veut. »

En conclusion, la position médiane ou la solution de compromis est une idée qui est étrangère à l’islam. Les pays occidentaux et les musulmans qui y sont fidèles  ont essayé de coller cette idée à l’islam afin de la vendre aux musulmans. Ils ont agi au nom de la modération et de la tolérance, et ont ainsi essayé de distancier les musulmans sincères des prescriptions et des limites clairement définies de l’Islam.

 


Traduction d’un extrait de l’ouvrage ‘Dangereux Concepts – afin d’attaquer l’Islam et de consolider la civilisation occidentale’ publié en 1998 par Hizb-ut-Tahrir

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