Notre intérêt, déterminé par la raison ou par la Loi révélée ?

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Allah que Son nom soit glorifié a dit : 

وَمَا أَرْسَلْنَاكَ إِلَّا رَحْمَةً لِلْعَالَمِينَ الأنبياء  

« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en bienveillance pour le  monde.» el-anbiya [21:107]

Le sens de ce verset est : tout ce que le Prophète (saws) a amené n’est que bienveillance. En d’autres termes, les lois du Coran et de la Sunna dans leur globalité sont venues pour satisfaire l’intérêt des êtres humains.

Il (swt) dit aussi :  

يَا أَيُّهَا النَّاسُ قَدْ جَاءَتْكُمْ مَوْعِظَةٌ مِنْ رَبِّكُمْ وَشِفَاءٌ لِمَا فِي الصُّدُورِ وَهُدًى وَرَحْمَةٌ لِّلْمُؤْمِنِين يونس   

« Ô gens! Une exhortation vous est venue de votre Seigneur, une guérison de ce que renferment vos poitrines, une ligne de conduite et une bienveillance pour les croyants.» Yunus [10:57]
Il (swt) dit ailleurs : 

فَقَدْ جَاءَكُمْ بَيِّنَةٌ مِنْ رَبِّكُمْ وَهُدًى وَرَحْمَةٌ الأنعام   

« Voilà certes que vous sont venus, de votre Seigneur, preuve, direction  et bienveillance » el-an’am [6:157]  
La direction et la bienveillance sont ainsi venues pour rapprocher ce qui est profitable à l’homme et repousser ce qui lui est nuisible. Or, cette attraction/répulsion complémentaire est la définition même de l’intérêt. Le droit de déterminer ce qui est un intérêt ou ne l’est pas, seule la Législation Révélée le possède. Ceci parce que le Créateur Omniscient nous apprend qu’elle est destinée à réaliser complètement l’intérêt de l’être humain.

Si l’on souhaite examiner la question de la signification de l’intérêt de l’homme, l’étude doit tenir compte que ce qui importe c’est l’intérêt de l’homme en tant que tel, et ne doit pas se restreindre à l’étude d’un individu, isolé de la société. En d’autres termes, la problématique de l’intérêt est de dimension humaine, et la solution doit être valable pour l’ensemble de l’humanité.

Habituellement, les hommes définissent l’intérêt en s’appuyant sur deux références. La première, celle de la raison et la seconde celle de la Législation Révélée. Si on donne libre cours à la raison pour définir ce qui est intérêt et ce qui ne l’est pas, l’homme aboutit très rarement au véritable intérêt. Ceci parce que la raison humaine est limitée dans ses connaissances sur l’être humain, qu’elles aient trait à sa psychologie, à sa physiologie ou à ses instincts.

Par sa nature même, la raison est inapte à maîtriser toutes les dimensions de l’entité humaine. Il lui est donc impossible de définir, par elle-même, quel est le véritable intérêt pour l’être humain pour chaque situation. Comment l’homme pourrait-il définir avec certitude ce qui est fondamentalement bon ou nuisible pour lui, alors qu’il est incapable de saisir toute la réalité de sa propre personne ? Et nul n’est capable de saisir toutes les dimensions de l’être humain, à part son Créateur.

C’est donc à Allah et à Lui seul que revient la définition de l’intérêt réel de l’homme, et nulle créature faible ne peut s’arroger le droit de statuer sur l’intérêt de ses semblables. Certes l’homme est capable de formuler des jugements sur ce qui est un intérêt et ce qui ne l’est pas pour lui, mais il ne peut être catégorique sur ces choix. Allah nous pousse à la réflexion :

كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِتَالُ وَهُوَ كُرْهٌ لَكُمْ وَعَسَى أَنْ تَكْرَهُوا شَيْئًا وَهُوَ خَيْرٌ لَكُمْ وَعَسَى أَنْ تُحِبُّوا شَيْئًا وَهُوَ شَرٌّ لَكُمْ وَاللَّهُ يَعْلَمُ وَأَنْتُمْ لَا تَعْلَمُونَ  
« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. » el-Baqarah [2:216

Un jugement douteux pour définir l’intérêt mènera vers la perdition. Lorsque l’on juge que tel acte ou telle chose est un intérêt, puis que l’on se rend compte qu’il est plus probable que c’est son opposé qui est un intérêt, on prend alors conscience d’avoir prescris à une/des personne(s) un mal qui lui causera un préjudice, en le lui ayant présenté comme un bien. C’est l’exemple de nombreux pays de part le monde qui considéraient que la peine de mort était un bien pour se protéger des grands criminels, puis se sont rétractés pour abolir cette peine de mort décrite alors comme un mal inhumain.

Réciproquement, on peut considérer qu’une chose est un mal, et se rendre compte par la suite que c’est un bien, un intérêt. C’est par exemple le cas du droit de choisir ses représentants dans le monde occidental. Il a été dénié pendant des siècles, pour finalement être considéré comme un droit fondamental inaliénable aujourd’hui. On aura ici causé identiquement du tord à l’homme, en l’ayant privé d’un intérêt qui était malencontreusement considéré comme un mal.

Le bien et le mal sont deux conceptions complètement instables dans le temps lorsqu’elles sont définies par la raison humaine. Cette instabilité se vérifie même géographiquement. D’un pays à l’autre, un acte identique ou une même chose comporte toutes la gamme d’appréciation entre le mal absolu et le bien absolu. Ainsi, la diversité des points de vue sur les drogues est édifiant. Dans tel pays européen, elles sont considérées comme des substances nuisibles et strictement interdites. Dans tel autre, on considère que seul le trafic est un mal, alors que la consommation est dans l’intérêt des hommes. Dans un troisième pays européen, on distingue entre drogue « douce » et drogue « dure », l’une étant une friandise et l’autre un poison. Dans un quatrième pays, toutes les drogues sont bonnes et légales à la consommation, mais contrôlées etc. Aux États-Unis, cette impossibilité à cerner l’intérêt de l’homme est encore plus flagrante, au vu de la grande disparité et de l’opposition entre les lois, lorsque le citoyen passe d’un État à l’autre.

Le comportement de tel citoyen est répréhensible dans tel État, mais est tout à fait accepté s’il se réfugie dans l’Etat voisin. Ces considérations nous amènent à saisir que ce problème dépasse notre raison, puisqu’une même chose pourra être considérée successivement comme étant ou n’étant pas un intérêt.

Cette recherche de l’intérêt s’appuyant sur la raison humaine, n’aboutira que sur des réponses subjectives. Autrement dit, l’intérêt véritable s’avère impossible à atteindre. Cette impossibilité n’apaisera jamais l’homme, qui par essence recherche la vérité en toutes choses, pour prendre lucidement ses décisions. De là, on en conclut qu’il est interdit de laisser à la raison la tâche de définir ce qu’est l’intérêt, mais il est obligatoire de se référer à la loi révélée uniquement. C’est la seule en mesure de définir ce qui est ou n’est pas un intérêt réel. En Islam, le rôle de la raison est de comprendre la réalité en toute objectivité, puis d’étudier les textes légaux qui concernent cette même réalité. Enfin, son rôle se termine par l’application des textes pour résoudre les problèmes du monde réel. Lorsque ces textes législatifs sont correctement appliqués, l’intérêt véritable est alors atteint. Si une personne souhaite connaître son intérêt pour une question donnée, il lui suffit de prendre connaissance de la loi d’Allah concernant cette question.

En résumé, on devra retenir que l’intérêt, c’est l’intérêt déterminé par Loi Révélée, et non l’intérêt désigné par la raison humaine. Elle doit suivre scrupuleusement la Loi Révélée quelque soit la direction indiquée. Là où se positionne la Loi Révélée, se situe notre intérêt. Et non l’inverse comme se l’imaginent beaucoup. Seule la Loi Révélée est en mesure de définir l’intérêt réel des hommes.

Source : archive Al-badil

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